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« Tu te dis que si c’est pas à l’OL, ce sera ailleurs »
- Publié le: 17 janvier 2014
TRIPLÉS. Thomas Fontaine, Nicolas Seguin et Xavier Chavalerin ont fait toute leur formation ensemble à Lyon avant de rejoindre le Tours FC à l’été 2012. S’ils ne jouent pas tous à la même fréquence, les trois anciens Gones participent à la belle saison des Tourangeaux, en course pour la montée. Les coéquipiers de Bryan Bergougnoux pourraient donc (enfin) fouler Gerland, dès la saison prochaine.
Si je vous avais dit, en juillet dernier, alors que le club a failli être rétrogradé administrativement en National, que vous seriez au pied du podium à mi-championnat, qu’est-ce que vous auriez répondu ?
Nicolas Seguin. On aurait peut-être souri un petit peu… Les conditions étaient un peu difficiles. On en savait pas où on allait par rapport au club, s’il y aurait un repreneur, si ça allait passer avec la DNCG… Le parcours qu’on a fait depuis juillet nous a tous surpris. Mais il y a de la qualité dans le groupe. Donc surpris oui, mais on sait aussi de quoi on est capables. Je pense qu’on est à notre place.
Xavier (15 matchs, 9 titularisations), c’est vous qui avez inscrit le but de la victoire contre Caen (2-1, le 10 janvier). Votre but et votre performance peuvent-ils vous permettre de devenir un titulaire indiscutable ?
Xavier Chavalerin. Aider, je ne sais pas. Mettre des questions dans le tête du coach, je pense, oui. Puis après, j’espère rééditer le genre de performance que j’ai fait vendredi à plusieurs reprises cette saison. Pourquoi pas gagner ma place.
Nicolas, la situation est plus compliquée pour vous (4 matchs, 2 titularisations). Vous avez songé à un départ, ou vous continuez à vous accrocher ?
Nicolas Seguin. Oui, c’est dur, c’est dur. Mais bon, en début de saison, j’ai discuté avec le coach, et lui me préfère à droite. Je n’ai pas vraiment une formation de latéral. À Lyon, j’étais plus dans l’axe. Il faut, je pense, un temps d’adaptation. Après voilà, je suis quelqu’un qui ne lâche pas, donc je vais me battre jusqu’au bout, dans mes entraînements, progresser, et puis voilà. À un moment donné, la roue va tourner et ça sera à moi de prouver les choses. Après, partir, non. Enfin, je suis en fin de contrat, il me reste quatre-cinq mois, donc mon but est de montrer de belles choses, soit pour prolonger, soit pour trouver autre chose si le club ne me renouvelle pas. Il ne faut pas baisser les bras.
Thomas, après une première saison mitigée, vous avez trouvé votre place dans l’axe de la défense (18 titularisations en 19 matchs).
Thomas Fontaine. Je ne m’attendais pas à faire ce début de saison. Le coach (Olivier Pantaloni, ndlr) m’a fait jouer défenseur central droit alors que je suis gaucher. J’ai fait les matchs qu’il fallait. Il nous donne sa confiance, après c’est à nous de lui rendre comme ça sur le terrain.
Seguin : « La visibilité est presque meilleure en Ligue 2 qu’en réserve pro »
Il y a un an et demi, vous quittiez tous les trois Lyon pour rejoindre Tours. Que connaissiez vous du TFC avant de le rejoindre ?
Xavier Chavalerin. On savait qu’ils avaient fait une bonne saison. Ils n’étaient pas loin de la montée. On s’est un peu renseignés en regardant les sites, le classement, l’effectif.
Quand vous voyez les réussites de joueurs comme Giroud ou Koscielny, qui ont explosé à Tours, ça vous a fait un peu réfléchir ?
Nicolas Seguin. Non, pas du tout. Après c’est pas parce qu’untel va réussir à Tours que moi aussi je vais réussir.
Ça vous a fait quoi de vous retrouver tous les trois dans un même club ? C’est assez rare dans le foot pro…
Nicolas Seguin. Ça m’a fait chier de retrouver Thomas ! (Rires)
Xavier Chavalerin. C’est plus facile pour s’adapter. C’est pas comme si on arrivait dans un club où on ne connaît personne.
N’était-ce pas un risque de se trouver un peu à l’écart par rapport aux autres joueurs du groupe ?
Nicolas Seguin. Non, on est des adultes. On s’entend bien avec tout le monde. Il n’y a pas de clan lyonnais, même si on reste peut-être un peu plus ensemble parce qu’on se connaît depuis des années.
La Ligue 2, c’est mieux pour lancer votre carrière pro ?
Nicolas Seguin. En sortant de Lyon, si on va direct dans un club de Ligue 1 et qu’on joue pas, c’est compliqué… Je pense que la Ligue 2 est un bon palier si on enchaîne les matchs.
Nicolas, vous aviez été prêté à Dijon (saison 2010-2011, cinq matchs joués). N’avez-vous pas eu peur de perdre en visibilité en rejoignant la Ligue 2 plutôt qu’en jouant avec la réserve de Lyon ?
Nicolas Seguin. Dans le contexte économique actuel du football français, je pense que tous les clubs de Ligue 1 font leur marché en Ligue 2 et en National maintenant, voire en CFA. Donc la visibilité est même presque meilleure en Ligue 2 qu’en réserve pro maintenant.
Xavier Chavalerin. On savait qu’il y avait peu de chances d’apparaître dans le groupe lyonnais.
Fontaine : « Avec l’OL, on n’avait pas l’habitude de perdre ! »
Pourtant, vous êtes partis de l’OL quelques semaines après la nomination de Rémi Garde (été 2011). Vous avez fait quelques apparitions dans le groupe pro en pré-saison : vous n’y avez pas cru à ce moment-là ?
Nicolas Seguin. On nous a tenu un discours. En ce qui me concerne en tout cas. Ils comptaient sur certains joueurs, mais pas sur moi en l’occurrence. Il me semble que c’était pareil pour toi Thomas…
Thomas Fontaine. Ouais.
Xavier Chavalerin. Et puis on savait qu’on était dans le groupe aussi parce qu’il manquait des joueurs internationaux.
Nicolas Seguin. Peu de jeunes sont sortis cette année-là. Cela a plus été le cas l’année d’après, dans un contexte économique plus difficile…
Lacazette est venu un peu après…
Nicolas Seguin. Ouais. Après, c’est un joueur offensif. C’est toujours plus facile de faire rentrer un mec devant, de lui donner du temps de jeu, qu’un défenseur, qui doit enchaîner.
Comment avez-vous passé ce cap CFA – Ligue 2 ? Aviez-vous de l’appréhension ? De l’excitation ?
Thomas Fontaine. De l’appréhension, non. C’est sûr qu’en s’entraînant régulièrement, on sait sur quoi il faut insister et après, ça paye. Personnellement, mon défaut est le manque de concentration. Pendant un an, j’ai beaucoup travaillé là-dessus. Là, je commence à être un peu mieux.
Nicolas Seguin. On a été lancés dans un contexte particulier. Le club a très mal débuté le championnat, avec pas mal de défaites (Tours était dernier à la 5e journée avec un nul et quatre défaites, NDLR). On nous a mis dans le grand bain tout de suite, et on nous a jugés là-dessus. Je n’avais pas encore joué à Tours que je me faisais déjà critiquer !
Xavier Chavalerin. Et puis on n’est pas habitués. En CFA, il n’y a pas autant de journalistes, on n’est pas autant jugés. Donc là on arrive, on commence à jouer des matchs d’entrée de ce début de saison, on ne s’attendait pas à ça quoi.
Thomas Fontaine. Et puis ça nous a fait bizarre parce qu’en CFA avec l’OL, on n’avait pas l’habitude de perdre !
La pression médiatique ici n’est quand même pas très forte… À part La Nouvelle République, il n’y a que quelques radios…
Nicolas Seguin. Franchement, on est sur le podium quand on perd à Arles-Avignon (1-0, 18 journée), et l’équipe se fait lyncher. Je sais pas quoi ! Ça fait combien de temps que Tours n’a pas été bien placé comme ça ? Il faudrait peut-être qu’ils se posent les bonnes questions eux aussi, hein !
En cas de montée en Ligue 1, vous pourriez affronter Lyon avec Tours. Vous y avez déjà pensé ?
Nicolas Seguin. On y a déjà pensé…
Xavier Chavalerin. Même en Coupe de la Ligue hein ! (Tours a perdu en 8e de finale à Troyes… le prochain adversaire de l’OL en demi-finale) À chaque tirage on espérait tomber sur Lyon.
Chavalerin : « On joue en Ligue 2, on n’a pas à se plaindre non plus »
Jouer à Gerland lorsque vous étiez réservistes, c’était un objectif où vous n’y croyiez pas vraiment ?
Xavier Chavalerin. On avait toujours l’espoir d’être à Gerland, avec le groupe pro. Mais bon, après, une fois qu’on a la réponse du club, on se fait à l’idée, hein.
Nicolas Seguin. Ils te jugent très vite dans les clubs pros comme ça. Ma dernière année, dès le début de saison, je savais que j’allais la passer en réserve.
Vous leur en avez-voulu ou vous vous êtes dit « Tant pis, c’est leur avis, je ne peux rien y changer et vais commencer ma carrière pro ailleurs » ?
Thomas Fontaine. Il ne faut pas s’arrêter là-dessus, mais se dire : « OK, eux pensent que j’ai pas le niveau, mais je vais aller voir ailleurs et leur prouver qu’ils ont fait une erreur. »
Xavier Chavalerin. Ça te donne une force supplémentaire.
Quand vous voyez l’épine dorsale de l’équipe actuelle, Anthony Lopes, Umtiti, Gonalons, Grenier, Lacazette, vous arrive t-il de vous dire que vous auriez pu être à leur place
Xavier Chavalerin. C’est vrai que quand on regarde les matchs, et on les regarde souvent, on se dit que voilà, on a joué avec eux, on aurait pu être avec eux.
Thomas Fontaine. On n’a pas à les envier, car eux ils n’y sont pour rien aussi. Contrairement aux coachs.
Xavier Chavalerin. On n’est pas envieux envers les joueurs. On est contents pour eux, ce sont des amis. Nous, on joue en Ligue 2, on n’a pas à se plaindre non plus.
Thomas Fontaine. On va dire qu’on est tombés dans la mauvaise année. L’année où on était en fin de contrat, c’était l’année où il fallait limite avoir un an de plus. Mais à 20-21 ans, il est aussi temps d’aller voir ce que c’est que le monde professionnel.
Vous avez parlé avec Rémi Garde avant de partir pour Tours ou pas ?
Thomas Fontaine. Non.
Xavier Chavalerin. À la fin de mon contrat, je n’ai parlé qu’avec Stéphane Roche, l’entraîneur de la réserve.
Nicolas Seguin. Moi, j’ai reçu un message. Mais c’est tout.
Y a t-il eu un moment charnière où vous avez compris qu’on ne vous laisserait pas votre chance, ou était-ce évident par rapport à l’effectif en place ?
Thomas Fontaine. Dans nos têtes, on gardait quand même espoir, on se disait qu’on aurait peut-être notre chance, qu’il fallait continuer à bosser… Après, c’est sûr que quand tu vois qu’ils ne te prennent pas malgré les blessés, tu te dis « bon, c’est pas grave ». Si c’est pas à l’OL, ce sera ailleurs.
Xavier Chevalerin. On faisait une bonne saison en plus en CFA. On avait pour ambition d’être premiers du championnat des réserves, on a réussi à le faire, donc on était motivés pour les matchs, il y avait un bon groupe, on s’entendait tous bien. Et on n’a pas baissé les bras.
Vous êtes encore en contact avec certains joueurs de l’OL ?
Thomas Fontaine. Oui. Alex Lacazette, Sam Umtiti, Max Gonalons… Et presque tout le monde.
Seguin : « L’OL ? Je m’en fous ! À un moment donné, faut couper le cordon »
Si vous deviez ne retenir qu’un seul souvenir de votre passage à l’OL, lequel serait-ce ?
Xavier Chavalerin. Pour moi, ce serait la dernière saison. Le titre de champion en CFA.
Nicolas Seguin. Mon premier contrat pro, signé à l’OL.
Thomas Fontaine. Tu veux que je dise quoi moi ? (Rires)
Vous la voyez comment cette fin de saison lyonnaise ?
Xavier Chavalerin. Ils sont bien repartis là.
Thomas Fontaine. Ouais, ils sont bien pour le moment.
Xavier Chavalerin. Ils sont quand même assez loin du podium…
Nicolas Seguin. Je m’en fous ! (Rires) À un moment donné, faut tourner la page aussi. Faut couper le cordon. En deux ans, je crois que j’ai pas regardé un seul match de l’OL… Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, je m’en fous complètement.
Quelle est la référence mondiale à votre poste ?
Nicolas Seguin. Moi, c’était Puyol, mais il joue moins en ce moment ! Maintenant, je sais pas…
Thomas Fontaine. Dis-le : Fontaine !
Nicolas Seguin. Ouais, mais je sais pas… Fontaine quoi…
Thomas Fontaine. Non, c’est Thiago Silva ! Au calme, Thiago Silva !
Nicolas Seguin. Tu lui ressembles un peu…
Thomas Fontaine. Ouais, au calme… (Rires)
Xavier Chavalerin. Moi, y a Xavi, Pirlo… Tous les 6 un peu techniques !
Vos contrats se terminent bientôt l’année prochaine (sauf pour Seguin, en juin 2014). Comment envisagez-vous l’évolution de votre carrière ? Vous vous voyez rester à Tours ?
Xavier Chavalerin. Tout dépend si on monte ou si on reste en Ligue 2.
Thomas Fontaine. Cette année est un tournant pour nous trois.
Nicolas Seguin. On a des options dans nos contrats. Si on monte en Ligue 1, on aura une année de plus, ou quelque chose comme ça il me semble.
Thomas Fontaine. Après, j’irai où Dieu m’emmènera !
Nicolas Seguin. Thiago Silva…
Nous sommes en mai 2014, vous montez avec Tours en Ligue 1. Et Lyon vous propose un contrat. Vous allez à Lyon ou vous restez à Tours ?
Xavier Chavalerin. Moi, personnellement, je reste à Tours.
Nicolas Seguin. Je reste à Tours aussi.
Thomas Fontaine. Pareil.
Xavier Chavalerin. Pour jouer contre Lyon à la Vallée du Cher ! (Rires)
Propos recueillis par Pierre-Antoine Vinerier