Toulouse – OL (2-3) : Genesio vainc la malédiction

Par Le Libéro Lyon
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Publié le: 23 avril 2016

LES NOTES. Pour la première fois depuis le 5 novembre 2005, l’Olympique Lyonnais l’a emporté à Toulouse. Une victoire intervenue -et ce n’est pas un hasard- après la sortie de Mathieu Valbuena et encore une fois grâce à une énorme détermination en fin de match. Deux facteurs qui portent le sceau de Bruno Genesio.

Samedi 23 avril 2016, 35e journée de Ligue 1.

Toulouse FC – Olympique Lyonnais 2-3

Buts : Grenier (73e), Lacazette (80e), Tolisso (85e) pour Lyon ; Tisserand (50e), Ben Yedder (82e) pour Toulouse.

Avertissements : Regattin (34e), Sirieix (83e) pour Toulouse ; Valbuena (13e), Tolisso (90e+4) pour Lyon.

Toulouse : Lafont – Yago, I. Diop, Tisserand, Moubandje – Blin, Didot (Trejo, 63e) – Regattin (J.-D. Akpa-Akpro, 69e), Doumbia (Sirieix, 76e), Braithwaite (cap.) – Ben Yedder. Entr. : Pascal Dupraz.

OL : Lopes – Rafael, Yanga-Mbiwa, Umtiti, Morel (Bedimo, 76e) – Ferri, Gonalons (cap.), Tolisso – Ghezzal (68e), Lacazette, Valbuena (Fekir, 68e). Entr. : Bruno Génésio.

Il n’est pas toujours convaincant, mais au moins il est convaincu. Et un an après avoir vu l’OL laisser filer un des plus gros exploits de l’histoire du championnat de France faute d’entrain (dix points abandonnés au cours des huit dernières journées malgré un calendrier abordable), on est en droit de s’interroger : est-ce que cela aurait été le cas avec Bruno Genesio en tant qu’entraîneur principal ? Car on pourra toujours discuter certains choix, la volonté finit toujours par l’emporter. Les fins de rencontre au Parc OL face à Paris, Nantes ou Nice étaient déjà des grands moments de la saison, celle de Toulouse restera donc le miracle d’une décennie. Elle laisse surtout les Lyonnais maîtres de leur destin dans la course à la deuxième place.

Ferri, la Génèse

S’il fallait définir le management de Genesio en deux mots, on dirait Jordan Ferri. Choix peu emballant dans un onze de départ un peu frileux, Xavaillon a justifié les critiques de ses contempteurs une heure durant avant de se trouver à l’origine des deux derniers buts, dans une dernière demi-heure où son abnégation a été remarquable. Comme le dit le proverbe, avec Genesio et Ferri, on pleure deux fois : quand ils sont désignés et quand on célèbre la victoire avec deux énormes couilles sous chaque bras.

Valbuena, salut l’artiste

Mais tout ne finit pas par marcher avec Bruno Genesio. L’aile gauche composée de Jérémy Morel et Mathieu Valbuena semblait condamnée à l’échec. Après coup, il est assez clair que l’échec aurait été un moindre mal. Morel fait partie des dix meilleurs défenseurs centraux de Ligue 1, mais il a le profil d’un des dix plus mauvais latéraux de National. Alors quand il joue derrière un vrai ailier, style Cornet, passe encore. Mais quand il faut dédoubler un pseudo-meneur qui dézonne, c’est catastrophique. Enfin, presque autant que sa relance. Quitte à se passer d’Henri Bedimo, on se demande si un échange de fonctions entre Umtiti et Morel ne profiterait pas au plus grand nombre.

Valbuena a réussi la performance de perdre sa place au profit d’un troisième concurrent cette saison : après Kalulu et Cornet, c’est Grenier, pourtant son plus proche voisin dans le fond du trou, qui vient de lui passer devant dans l’optique d’un retour au losange, plutôt bien digéré au cours de la dernière demi-heure. Et Fekir (qui doit être l’un des bénéficiaires du retour au système des deux dernières années) n’aura pas besoin d’atteindre les 70% de sa jauge de forme pour le reléguer un peu plus loin dans la hiérarchie.

La fin de l’autre malédiction. (Capture Canal+)

Grenier, cru 2013

Mais si, souvenez-vous : il faisait des mauvais matchs mais avait qualifié l’OL pour la coupe d’Europe presque à lui tout seul. Cela avait valu à Clément Grenier un contrat qu’il n’a jamais justifié, avant même d’être blessé. Alors que JMA a ouvert grand la porte (et abattu le mur avec) à son départ cet été, l’Ardéchois pourrait refaire la même trois ans plus tard, et porter l’OL vers la deuxième place. Au Stadium, il a inscrit le coup franc qu’il était venu chercher (1-1, 73e), moins de cinq minutes après son entrée à la place d’un Rachid Ghezzal stérile et parodique -malgré une galette pour Lacazette (16e). D’une belle passe verticale, Grenier a ensuite trouvé Ferri sur le deuxième but (1-2, 80e) et aurait même pu inscrire le troisième, puisqu’il touche le ballon qui échoit à Tolisso (2-3, 85e). Difficile de lui en demander beaucoup plus.

Fekir, la différence sans les différences

Cela avait déjà failli être le cas le week-end précédent contre Nice, quand l’OL avait poussé très fort dans les derniers instants du match. Mais cette fois-ci, ses coéquipiers ont carrément marqué trois fois après son entrée en jeu. Alors certes, on ne l’a pas vu, mais être un porte-bonheur, c’est déjà pas mal. Surtout, il a tenu une demi-heure sans problème et pourra ainsi montrer qu’il est un peu plus qu’un trèfle à quatre feuilles dès samedi contre Ajaccio, pourquoi pas d’entrée de jeu.

Maxime Gonalons n’a pas réussi un grand match, longtemps incapable de bouger un milieu trop statique, à son image. Corentin Tolisso a commencé à élever son niveau de jeu en fin de première mi-temps, et cela s’est tout de suite senti puisque les Lyonnais ont alors connu leur seule bonne phase de la première heure de jeu. Il a surtout inscrit le but de la victoire dans le money time, une spécialité qu’il avait un peu oubliée cette saison, entre autres. Rafael n’a pas été à la hauteur de son début d’année civile, avant son énième blessure. S’il n’a pas été mieux que Morel balle au pied (un ballon perdu face à Braithwaite à vingt mètres du but, arrêt de Lopes, 19e), il s’est accroché, a sauvé quelques situations – qu’il avait parfois provoquées… – et a au moins eu le mérite de s’aventurer dans le camp adverse. Une prestation moyenne, mais moyenne moins.

Lopes, Mapou, Umtiti, Lacazette, carré d’as

Autoritaire jusqu’à son intervention au milieu de vingt joueurs à la dernière seconde des sept minutes d’arrêts de jeu, Anthony Lopes a même réussi une parade sur le deuxième but qu’il encaisse. S’ils n’y sont pas pour grand-chose, Mapou Yanga-Mbiwa et Samuel Umtiti ont donc vu leur adversaire marquer deux fois. Le premier a fait une grosse boulette (sans conséquence) à la 64e et le second a coûté un but à Ghezzal sur un hors-jeu de position (40e), et annuler un but, c’est un peu con de la part d’un joueur qui ne marque jamais. Pour le reste, ils ont été parfaits, et c’est aussi parce qu’ils dégagent de la sérénité que les Lyonnais semblent toujours capables de pouvoir faire un résultat, même quand ils jouent mal.

Parce que oui, avec une défense aussi solide, on peut toujours se dire qu’Alexandre Lacazette finira par marquer. Et Alexandre Lacazette finit toujours par marquer (1-2, 80e). Et même quand il se rate, il sert -involontairement- Corentin Tolisso (2-3, 85e). Mais au-delà de sa réussite, c’est sa générosité qui impressionne, surtout un soir où il était sous la menace d’un carton jaune qui l’aurait privé de la « finale » contre Monaco. Un tel niveau fait évidemment regretter cette triste première moitié de saison. Mais il faut voir le bon côté des choses : le Kid de Mermoz a une revanche à prendre avec son club sur la Ligue des champions…

Pierre Menesio

(Photo Thierry Breton – Panoramic)