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La dernière danse de Sonia Bompastor
- Publié le: 8 juin 2013
PORTRAIT. Ce samedi soir, à Clermont-Ferrand face à Saint-Étienne, Sonia Bompastor ira chercher son dernier titre. À la surprise générale, la latérale gauche a annoncé sa retraite sportive à seulement 33 ans et alors qu’elle est encore au top.
33 ans, le bel âge. Alors que Ryan Giggs titille encore le cuir à presque 40 bougies, Sonia Bompastor a décidé de prendre sa retraite. Ce samedi, à Clermont, elle aura l’occasion de disputer son dernier match. Le jour de son anniversaire. La Lyonnaise n’a jamais été une joueuse comme les autres. Hargneuse sur le terrain, elle a géré sa carrière d’une main de maître.
Le football, une évidence
Originaire de Blois (Loir-et-Cher), la Franco-Portugaise, dont les parents sont originaires de Povoa de Varzim (30 km au nord de Porto), va humer différents clubs durant sa jeunesse. Fille d’arbitre et sœur de footballeur, Sonia est tombée dans la marmite quand elle était toute petite. À l’âge de 8 ans, elle entame sa carrière au club de Mer. Ses parents vont bien essayer de la dissuader. Elle s’essayera même à d’autres sports. Sans succès. Ce petit bout de femme est formel : ce sera le football sinon rien. Cette volonté de réussir permet de la discerner sur le rectangle vert. Les observateurs en sont conscients. En 1998, elle intègre Clairefontaine. La légende est en marche.
Une légende chez les Bleues
Joueuse du Tours étudiant Club, elle connaît sa première sélection à 19 ans. Le 26 février 2000, Sonia chantonne sa première Marseillaise face à l’Écosse. Par la suite, elle prend part au Championnat d’Europe 2001, sa première compétition avec la sélection A. Treize ans après, elle culmine à près de 156 sélections ! Infatigable sur son aile gauche, Sonia est une véritable porte-drapeau pour le football féminin français. Malheureusement pour la Lyonnaise, elle n’éprouvera jamais la joie de glaner un titre avec l’équipe de France. Un manque certain.
Quinzième titre en jeu à Clermont
En club, le succès est au rendez-vous. De la Roche-sur-Yon, elle s’envole pour Montpellier en 2002. Jusqu’en 2006, Sonia joue au sein du club héraultais. Elle gagne ses premiers titres individuels et collectifs. Deux ans après son arrivée, le MHSC est champion de France. Bompastor sort de sa réserve médiatique. En effet, la même année, l’internationale française remporte le titre de meilleure joueuse de la saison. Un titre décerné par l’UNFP. Alors que la « star » du football féminin français est Marinette Pichon, la petite joueuse (1,63 m) n’est pas là pour faire de la figuration. L’année suivante, elle remporte à nouveau le championnat avec le club de « Loulou » Nicollin. En 2006, elle rejoint l’Olympique Lyonnais avant de faire une pige aux États-Unis, de jouer au Paris Saint-Germain et de revenir finalement sur les bords du Rhône. En tout, elle glanera près de quatorze titres collectifs : deux coupes d’Europe, huit Championnats de France, trois Coupes de France et une Mobcast Cup. Un quinzième contre Saint-Étienne ?
L’aventure américaine
Marinette Pichon était devenue la première Française professionnelle au sein de la Women’s United Soccer Assocation lorsqu’elle avait signé en 2002 chez les Philadelphia Chargers. En avril 2009, Sonia Bompastor n’hésite pas et s’aventure de l’autre côté de l’Atlantique. La nouvelle ligue professionnelle américaine ouvre ses portes. Alors au PSG, elle quitte une capitale pour une autre et découvre le « soccer » avec les Washington Freedom alors que Camille Abily rejoint le Los Angeles Sol. Après un retour au PSG (septembre 2009-avril 2010), Sonia Bompastor repart aux États-Unis afin de participer à la saison 2010. Mais, au mois de septembre, la latérale gauche demande à revenir en France. Plus précisément à l’Olympique Lyonnais, et ceci malgré une troisième année de contrat. La suite ? Vous la connaissez.
La fin, mais pourquoi ?
La surprise fut grande en découvrant l’article sur le site Internet de la Nouvelle République. Pourtant, la décision semble irrévocable pour Sonia Bompastor, comme elle l’a expliqué sur le site officiel de l’OL : « Ça fait pas mal de temps que j’y réfléchis, ma décision a été longuement mûrie. Je me suis posé beaucoup de questions cet hiver, et au fil des mois, je me suis dit que c’était le bon moment. En termes de carrière et de palmarès, j’ai fait le tour de tout ce que je pouvais gagner, et j’ai aussi eu la chance de vivre une expérience de deux ans aux États-Unis qui m’a énormément apporté. En tant que femme, j’ai aussi d’autres objectifs, notamment celui de fonder une famille. » Mais tout observateur du football féminin français peut s’interroger sur ce choix. On ne peut pas remettre en question sa décision. Même si la fameuse affaire avec Bruno Bini pourrait être l’élément déclencheur de cette retraite. Son altercation avec le sélectionneur national aurait pu accélérer sa décision.
Le double effet Bini
Lors de la sélection d’octobre pour les matchs contre les Pays-Bas et l’Angleterre, Bruno Bini écarte Sonia Bompastor de sa liste. L’étonnement est général. Pire, sa non-sélection est un véritable cataclysme dans le petit milieu du football féminin français. Les supporters lyonnais se déchainent. Le Bini bashing prend de l’ampleur. Un sentiment de contestation déjà présent après la 4ème place des Bleues aux Jeux Olympiques de Londres. Un groupe de soutien est même créé sur Facebook. Dix jours après la nouvelle, elle s’exprime sur le site de la Nouvelle République. Sonia parle d’une discussion post JO avec le sélectionneur. La latérale gauche aurait osé quelques reproches concernant la façon de procéder de Bruno Bini. À partir de ce moment précis, la communication est coupée avec le sélectionneur des Bleues. Elle est ignorée. Les valeurs humaines, tant appréciées par le « gourou », sont contestées par la Lyonnaise. Malgré l’attente d’une explication, elle restera sur sa faim. Personne n’osera lui donner la justification quant à cette saugrenue mise à l’écart. Ni de la capitaine des Bleues, Sandrine Soubeyrand. Blasée par cette décision, ayant déjà tout gagné, Sonia Bompastor a le droit de prendre sa retraite et d’entrevoir enfin une future vie de famille. Les supporters français savent ce qu’ils lui doivent. Et les Lyonnais plus encore.