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OL-Valenciennes : Need for Steed
- Publié le: 17 avril 2013
RANK’N’OL #4. Un retraité, un rattrapé, un reconsidéré, un recalé et un retrouvé : l’OL qui a battu Valenciennes n’aurait jamais dû ressembler à ça. Et on l’aurait regretté. Pour la glorieuse histoire du Rank’n’OL.
Samedi 1er septembre 2012, 4ème journée de Ligue 1
Olympique Lyonnais – Valenciennes FC 3-2
Pour Lyon : Bastos (18ème), Gomis (22ème), Grenier (66ème)
Pour Valenciennes : Gil (12ème), Pujol (76ème)
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Steed Malbranque : c’est une histoire comme on en vit parfois au niveau départemental. Celle du gars qui a repris une licence « pour dépanner » et dont le président, qui l’a bien connu à l’époque où « c’était un super », dit aux jeunes sceptiques : « Il a un peu pris, mais il a du ballon le salaud. » Une expérience à l’évidence peu transposable à haut niveau dans le foot moderne. Et pourtant, Steed Malbranque, revenu onze ans plus tard à Gerland après un an d’inactivité, a réussi la meilleure prestation individuelle de ce début de saison en Ligue 1. Il n’a pas, comme on dit dans le jargon, donné une leçon de football. Il a été le football : le football simple, avec des passes rapides en première intention, le football plus sophistiqué, avec, au hasard, deux petits ponts, le football intelligent et le football courageux. Sans parler de la caution « j’ai planté Saint-Étienne l’an dernier à 24 heures de la fin du mercato ». Un épisode que Gerland a trouvé suffisamment savoureux pour justifier le bruyant hommage des tribunes après 20 minutes de jeu. Un feu de paille, peut-être, mais qui tiendra chaud un moment.
2. Clément Grenier : c’est vrai que la tentation était grande de croire au retour du paradis perdu de l’OL, jeu en 4-3-3 accords et belles arabesques. Un nouvel OL ? Rémi Garde a coupé court après match : « C’est l’OL, tout simplement. » Comprendre par là un jeu moins romantique qu’il n’y paraît et toujours plus rationnel. Un jeu qui consacre un geste, celui des types qui doivent penser plus vite que les autres : la passe. La plus efficace, la dernière ou presque si possible. Après en avoir envoyé deux ou trois il y a quinze jours, Grenier a remis ça : une fois pour Bastos qui a marqué, une autre pour Lacazette qui a récolté un pénalty. Le risque ? Minime, si ce n’est celui de vouloir aller trop vite et de perdre quelques bons ballons – ce qui fut le cas des tous premiers. Mais après, il reste quoi ? La frappe, à mi-hauteur, qui vient faire but. Plus la peine alors de s’embarrasser avec ce jeu à mille passes, cette marque Barça qui devrait s’imprimer partout ailleurs. Préférer plutôt le jeu à l’économie, réduit au strict nécessaire. Grenier, tout simplement.
3. Maxime Gonalons : ses deux placements hasardeux sur les deux buts de VA auraient pu faire de l’ombre à sa prestation. Mais ça, Max s’en fout parce que, ce qu’il préfère, c’est l’ombre justement. D’ailleurs, on ne connaît rien de mieux pour faire briller le milieu comme ce fut le cas cette fois à Gerland. Allez demander à Pirlo ou à Zidane ce qu’ils doivent à Gattuso ou à Makélélé. Forcément, dans un club qui a vu passer ces dix dernières années la plus belle collec’ de n°6 de Ligue 1 (Diarra, Toulalan), on a fini par prendre la mesure de ses prestations. D’abord en lui refilant ce brassard de capitaine qui lui va bien – déjà un trophée soulevé et aucune défaite en tout juste trois matchs. Ensuite, en l’écoutant parler comme il joue : « La saison dernière, on a encaissé trop de buts. Il fallait y réfléchir. » (Le Progrès) À le voir assurer ses récupérations debout, se ramener comme il faut quand ça commence à chauffer, trouver le bon tempo pour remettre le jeu à l’endroit, on a compris : Washing Maxime y a bien réfléchi. On reprend : de l’ombre, de la sueur et des neurones. Soit juste ce qu’il faut pour avoir droit au titre de secret le mieux gardé de l’Olympique Lyonnais.
4. Anthony Réveillère : on a les héros qu’on mérite. Mais le mec discret, pas spectaculaire, même pas sympathique, qui va encore faire une saison de haut niveau après s’être fait recaler par les médecins du PSG, on s’y attache. A priori, on n’est pas les seuls puisque Deschamps a convoqué le bonhomme pour les matchs qualificatifs de l’équipe de France. Et on aura encore plus raison d’y avoir cru quand Paris n’aura pas trouvé de solution pour ses latéraux et que Debuchy sera en voie de faubertisation. On a les héros qu’on mérite, mais on mérite aussi les héros qu’on a.
5. Michel Bastos : d’un côté, Docteur Michel, joueur rare qui sent le foot comme seuls les « dinosaures » savent encore le faire, capable sur un geste de sortir l’OL d’une partie mal embarquée, avec pour troisième but en trois matchs un monument de finesse. De l’autre, Mister Bastos, jamais loin de redevenir cette recrue lilloise comme les autres : suffisamment inconstante pour voir sa valeur se diluer un peu plus et appeler de nouvelles destinations improbables en guise de suite pour sa carrière. Entre les deux, Michel Bastos. Soit une certaine idée de la classe moyenne à la brésilienne. Suffisamment supérieure pour faire l’affaire une saison de plus.
Grands caciques
Rémy Vercoutre : le « nouveau » gardien de l’OL est quand même là depuis dix ans et sa connaissance parfaite du groupe fait sa force. La preuve : il était le seul à avoir compris que l’équipe n’était bonne que dans la réaction. En la mettant dos au mur dès la 11e minute, il lui laissait largement le temps de se refaire. Hugo sauvait. Mais Rémy savait.
Cris : la prestation de Malbranque comme celles, moins inoubliables, de Bisevac et de Koné sonnent comme un message d’espoir pour le Policier. Oui, les compos ESPN Classic ont plus que jamais un avenir à Lyon.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
(Article publié le 2 septembre 2012 sur Rue 89 Lyon)