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OL : une saison bizarre mais convaincante en CFA aussi
- Publié le: 3 juillet 2014
JEUNES. Pour l’ultime bilan spécial académie de l’OL, place aux plus grands et à la CFA. Enfin, plus grands, mais pas très vieux quand même, puisque Rémi Garde a beaucoup puisé dans la réserve cette saison, laissant la place à des éléments peu expérimentés. Ce qui n’a pas empêché l’équipe entraînée par Stéphane Roche et Gilles Rousset de réaliser une bonne saison dans un groupe difficile, malgré quelques accrocs. Ça ne vous rappelle rien ?
Forts à domicile, mauvais à l’extérieur
La saison a débuté, avec le renfort des deux « bannis » Jimmy Briand et Bafétimbi Gomis, par une victoire 4 à 3 contre Raon-l’Étape grâce un sublime retourné de Gomis.
On sait ce qu’il adviendra finalement des deux internationaux par la suite. N’empêche, ce résultat donne déjà une indication de ce que sera cet OL B 2013-2014, fort devant et friable derrière, au point d’avoir encore une différence de buts négative à cinq journées de la fin du championnat.
En effet, durant la première partie de saison, l’OL a énormément de mal à l’extérieur. Sur les treize rencontres jouées avant Noël, l’OL en dispute six à l’extérieur pour deux victoires (2-3 à Vesoul et 0-3 Sochaux) et quatre défaites, à chaque fois par deux ou trois buts d’écart (3-1 à Chasselay et Villefranche, 2-0 à la Duch’, 3-0 à Épinal). Bien plus conquérante à domicile, où elle a moins de mal à développer son jeu, la réserve empoche cinq victoires pour un nul et une défaite, contre Moulins (3-4), avec quatre buts encaissés en une mi-temps dans un match d’une pauvreté technique affligeante.
La deuxième partie de saison commence mal avec une seule victoire en sept matchs, pour quatre défaites lors des quatre déplacements (une cinquième d’affilée suivra à Montceau). Distancés au classement, les Lyonnais retrouvent un peu d’allant au printemps et la fin de saison est bien meilleure, avec notamment quatre victoires lors des cinq dernières journées, alors même que plusieurs U19 intègrent le groupe au fur et à mesure.
Les chiffres de la saison en championnat
14 victoires , 5 nuls et 11 défaites
53 buts marqués et 45 buts encaissés (+8)
4e avec 77 points derrière Epinal (85), Moulins (82) et Yzeure (78).
Meilleurs buteurs : Zakarie Labidi (8 buts), Clinton N’Jie (8 buts) et Mour Paye (7 buts).
Bilan : une défense pas rassurante
Quand on regarde le classement, on peut se dire que la saison de l’OL est plutôt réussie. Pourtant, les Lyonnais ont cruellement manqué d’expérience dans les moments clés, notamment en déplacement. Ils terminent d’ailleurs 13e sur 16 au classement des matchs à l’extérieur, avec dix défaites en quinze matchs, pour quatre victoires et un nul (à Yzeure). En contrepartie, la réserve termine en tête du classement des matchs à domicile, avec dix victoires, quatre nuls et une défaite (contre Moulins).
Le point faible de l’équipe est facilement identifiable : avec 45 buts encaissés (1,5 par match), l’OL termine avec la 13e défense de la poule B. Si les patrons Naby Sarr et Romaric N’Gouma n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes qu’ils suscitent, c’est aussi l‘importante rotation de l’effectif (48 joueurs en 30 matchs) qui a pénalisé l’équipe. En effet, entre ceux qui rejoignaient régulièrement le groupe pro (Zeffane, Sar) et les U19 qui faisaient la navette (Diakhaby, Jenssen, Moufi), Roche et Rousset ont souvent dû bricoler, empêchant la création d’automatismes sur le long terme.
Une équipe très jeune mais parmi les meilleures réserves
Cette instabilité donne finalement un peu plus de valeur à la performance des Lyonnais, qui évoluaient dans un groupe compliqué. Et, alors qu’il n’y avait cette saison que huit réserves de Ligue 1 en CFA, l’OL est clairement l’équipe qui s’est le plus distinguée à ce niveau avec Lille (2e du groupe A) et Nantes (4e du groupe D). Monaco (8e du groupe C) et le PSG (9e du groupe A) sont à la traîne, quand Saint-Étienne et l’OM, n’évoluaient qu’en CFA2, même si les Stéphanois ont été promus et pourraient offrir deux derbys supplémentaires la saison prochaine (les groupes seront constitués dans le courant du mois de juillet).
Les joueurs : un grand brassage
Côté gardiens, Jérémy Frick (né en 1993) a réalisé un bon championnat dans la foulée de la signature de son premier contrat pro l’été dernier. Derrière le Suisse, Lucas Mocio (1994) et Théo Defourny (1992) n’ont récupéré que les miettes. Le premier a tout de même eu de droit de signer un contrat de deux ans. Le second a enchaîné les galères en fin de saison avec notamment une fracture à l’épaule suivie de complications après son opération à l’hôpital Mermoz, comme Rémy Vercoutre et Clément Grenier avant lui.
La défense a donc été le point faible de la saison lyonnaise. Romaric N’Gouma (1995) semble stagner. Promis à un bel avenir, le stoppeur a eu un peu de mal en début de saison, notamment à cause de sa croissance, mais il est plutôt bien revenu sur la fin. Louis Nganioni (1995) a assuré sur son côté gauche mais ne semble pas pour l’instant offrir une alternative sérieuse en pro, même s’il a gagné son billet pour Tignes. Naby Sarr (1993) n’a certes pas eu de vacances après son titre de champion du monde U20, mais il n’en a que rarement été à la hauteur, notamment en première partie de saison. Cela ne l’a pas empêché d’être régulièrement appelé par Rémi Garde (pour deux matchs de Ligue 1 et deux en Europa League) et de marquer trois fois en CFA. Mouctar Diakhaby (1996), révélation de la saison avec les U19, en a marqué un de moins mais il n’est apparu que sur la fin et a eu le temps de faire bonne impression, tout comme Ulrik Jenssen, le « 96 » qui a joué le plus de matchs.
Arnaud Bloch et Kevin Tsimba, tous les deux de 1994, ont occupé le flanc droit régulièrement laissé vacant par Mehdi Zeffane (1992), sans qu’aucun ne convainque le staff de lui proposer un contrat pro. Même si Tsimba, milieu de formation, a pâti d’un problème contractuel avec son club d’origine, le Servette, qui réclamait 100.000 euros à sa signature, alors que l’OL pensait le faire signer. Le Suisse est actuellement à l’essai à Tours (L2), mais le club est interdit de recrutement pour le moment…
Au milieu, Grégoire Viricel (1994) a été le joueur le plus utilisé. Sa combativité n’aura pas suffi à convaincre ses dirigeants de le garder, tout comme Nassim Zitouni (1994), dont la technique soyeuse n’a pas suffi à masquer ses limites. Zakarie Labidi (1995) a souvent joué haut, à gauche ou derrière l’attaquant, mais il semble davantage se destiner à un rôle de relayeur, où sa clairvoyance et sa vision de jeu font beaucoup de bien, et ce même s’il est le meilleur buteur de l’équipe (8 buts).
Devant, bien que l’OL ait terminé avec la deuxième attaque du groupe (53 réalisations, 1,8 but par match), le bilan est mitigé au niveau des individualités. Clinton N’Jie (1993) a su élever son niveau au fil de la saison, notamment techniquement, mettant à profit la confiance emmagasinée lors de des passages en pro (trois apparitions en Ligue 1 et trois en Europa League). Mour Paye (1994) est toujours aussi efficace (7 buts) et a été récompensé de sa mentalité exemplaire par un premier contrat pro. Quant à Nabil Fekir (1993), il lui a suffi de quelques matchs pour prouver qu’il était le meilleur, largement au-dessus du lot, voire même un peu trop facile parfois…
Fares Bahlouli (1995) reste celui que tout le monde attend. À ce titre, il a quelque peu déçu, malgré son hallucinante tournée de caviars contre Vesoul (vidéo) ou ce délice d’exter’ pour Naby Sarr dans les arrêts de jeu contre Sochaux (2-2, 25e journée).
Mais après son début de saison avec le groupe de Rémi Garde et sa belle prestation contre Reims, son comportement a été pointé du doigt et il en a fait les frais. Pourtant le talent est là et pour beaucoup d’observateurs lyonnais, c’est du jamais vu depuis vingt ans. On ne peut que confirmer.
Pour finir, Yassine Benzia (1994) a clairement déçu : quatre buts, même en dix matchs, c’est insuffisant pour un attaquant de son standing. La preuve, avec deux buts et deux passes décisives en deux titularisations, il a fait mieux en pro.
Benzia, une année pour rien
Ça fait un peu de mal de le dire, mais s’il y avait un flop, ce serait donc Benzia. Car au bout du compte, sa saison est ratée en tout point. Il a commencé avec les pros et un premier match hyper abouti à Sochaux. Puis les problèmes de comportement à Évian ont tué sa saison. Par la suite, les blessures à répétition et sa suspension pour cinq matchs (deux mois de compétition) après une expulsion sévère contre Villefranche, alors qu’il avait le brassard, n’ont pas arrangé les choses, alors qu’il se voyait – et il n’était pas le seul – faire une saison pleine chez les grands avant la réintégration de Gomis et Briand. Mais les coups de latte du destin ne font pas tout et il faut le dire : tant qu’il se regardera jouer, il ne pourra pas progresser. Et ce serait bien dommage de le voir échouer.
Labidi et N’Jie ont marqué des points
Ailier gauche de formation, Labidi a souvent évolué au cœur du milieu, et c’est là qu’il a été le plus convaincant. S’il n’a pas les qualités de percussion pour faire des dégâts dans le couloir gauche, sa vision de jeu en fait un formidable accélérateur de particules. S’il avait jusqu’ici vécu dans l’ombre des autres « 95 » Bahlouli, Martial ou N’Gouma, il a connu une belle progression et c’est celui qui a effectué la meilleure saison.
On a souvent été très sévère avec N’Jie, le réduisant uniquement à ses qualités de sprinteur. Mais cette année, il a lui aussi marqué 8 buts et assumé son statut, grâce à une amélioration technique très perceptible, notamment dans ses prises de balle. Le Camerounais, joueur le plus rapide de l’effectif, peut devenir un bon joueur s’il apprend à lâcher un peu plus vite son ballon.
Pour la saison prochaine on attendra beaucoup de joueurs comme Pagliuca, Moutoussamy ou encore Moufi, déjà convaincants lors de leurs passages en CFA, pour permettre à cette équipe de continuer à être compétitive dans un championnat de plus en plus dur pour les jeunes équipes réserves.
Lire : U19, le meilleur est à venir
Mour Paye : « On peut être fiers de ce qu’on a fait »
Comment évalues-tu la saison de l’équipe réserve cette 4e place obtenue dans un groupe relevé ?
Le début de saison était assez difficile avec plusieurs mauvais résultats. Puis on a réussi à redresser la barre et à finir au pied du podium. Je pense qu’avec une moyenne d’âge très jeune, on peut être fiers de ce qu’on a fait.
La CFA a eu pas mal de difficulté à l’extérieur. Est-ce que c’est difficile pour des jeunes de jouer chez des clubs amateurs dans une ambiance « hostile » ?
C’est vrai qu’on a eu pas mal de difficultés à l’extérieur et ces mauvais résultats s’expliquent par notre moyenne d’âge assez jeune : on manquait d’expérience et à ce niveau-là, des petites erreurs que l’on fait plus jeune se paient cash.
Comment juges-tu ta saison ?
D’un point de vue personnel, je suis content de ma saison. Avec moins de temps de jeu que les années précédentes, j’ai réussi à marquer plusieurs buts (7). Je juge souvent mes saisons au ratio entre les buts et le temps de jeu. Et celui de cette année (un but tous les deux matchs) me donne satisfaction.
« Je vais rester ici pour continuer à faire mes gammes »
Tu as signé ton premier contrat pro il y a quelques semaines. C’est un aboutissement ou une étape ?
Ce contrat me fait énormément plaisir, je considère ce contrat comme une grosse étape franchie. Mais paradoxalement, je dirais que c’est que le début et qu’à partir de maintenant le plus dur qui commence.
Vas-tu faire la saison en CFA et espérer quelques apparitions en équipe première ou pourrais-tu partir en prêt dans un club pro ?
Non, je vais rester ici pour continuer à faire mes gammes en CFA et essayer de gratter quelques apparitions en pros. Et j’espère y parvenir.
Olivier Mas
Annexe : les 48 joueurs utilisés