OL, 18 ans, Bako avec mention

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S02E61L’Olympique Lyonnais a trop souvent confié son destin à Bakary Koné pour qu’on s’extasie sur la cohérence du projet. N’empêche, la victoire rapportée de Nice (0-1) permet à l’OL de participer à la coupe d’Europe une dix-huitième fois d’affilée. Alors on pourra toujours dévaluer le diplôme, l’institution reste respectable.

 

Samedi 17 mai, 38e journée de Ligue 1

OGC Nice – Olympique Lyonnais 0-1

But : B. Koné (6e)

Avertissements : Gomis (26e), Umtiti (48e), Mvuemba (73e) pour Lyon ; Bruins (90e+2), Kolodziejczak (90e+3) pour Nice.

Expulsion : Garde (90e+4).

Nice : Hassen – G. Puel, Genevois, Kolodziejczak, Amavi – N. Mendy, Abriel (cap. ; Maupay, 74e) – Pied (Bruins, 72e), Eysseric (Brüls, 60e), Bauthéac – Cvitanich. Entr. : Claude Puel.

OL : A. Lopes – Zeffane, B. Koné, Umtiti, Bedimo – Malbranque, Gonalons (cap.), Mvuemba – Grenier (Fekir, 81e) – Lacazette (Briand, 57e), Gomis. Entr. : Rémi Garde.

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Bako Koné

Le jour où il faudra évaluer la trace laissée par Bako Koné dans l’histoire de l’Olympique Lyonnais, on commencera par sourire. Parce qu’on a beau avoir toute la sympathie du monde pour le bonhomme, parfois même une certaine admiration pour cette allure qui sied si peu à son football, le Général a raté plus de matchs qu’il n’en a réussis. Genre beaucoup plus. Mais il y a une chose qu’on ne pourra jamais lui enlever : Bako est toujours là quand on a besoin de lui. Un peu comme ce pote du second cercle qu’on croise avec plaisir mais qu’on n’appelle jamais, à part pour un déménagement ou parce que c’est le seul à avoir des pinces pour la batterie dans son coffre. Koné se situe-là. On se fout bien de cette tentative de passement de jambes à cinq mètres d’un adversaire et qui débouche sur une passe en retrait (16e). Ou même de cette transversale que le vent emmène à destination, dans les pieds de Mvuemba (44e). Parce que l’émotion chez Bako ne vient que du concret, et ici de ce but salvateur à la 6e minute comme l’avait été celui de la 87e à Kazan trois ans plus tôt, ou de cette fin de saison 2012-13 d’envergure au moment d’aller chercher le podium après pourtant dix-huit mois ridicules. On n’oubliera pas non plus que Koné a fait le job derrière, et que son association avec Umtiti reste encore ce qu’on a vu de plus cohérent à Lyon depuis que Squillaci est parti. Pas de quoi vendre du rêve pour autant. Mais on l’aura compris, Bako n’est pas là pour faire de la poésie. Il se contente d’écrire l’Histoire.

Olympique Lyonnais2. Steed Malbranque

Si Malbranque a disputé son jubilé à Nice, il l’a réussi. Mais on n’ose y penser. Et pas besoin de jouer sur la corde sentimentaliste pour s’en émouvoir. Si le prochain entraîneur de l’OL décidait de ne pas conserver Malbranque, il irait contre le sens de l’histoire et contre le sens du football. Qui peut se passer d’un joueur capable d’être le soldat qui va presser à soixante mètres de son but après un corner défensif et qui, deux minutes plus tard, enchaîne petit pont et crochets tel le joueur de street ? 40 000 mensuels pour s’assurer la présence d’un remplaçant de luxe capable de jouer partout, tout le temps, ça fait pas chère l’idée de génie. Même si parler de génie quand on évoque Malbranque, c’est se fourvoyer. Trop réducteur.

Olympique Lyonnais3. Anthony Lopes

Tiens, voilà Hugo qui rend visite et fait la tournée des copains à coups de bises claquées à tout va. Il a beau porter ce genre d’écharpe d’architecte que nouent les mecs qui veulent se donner une contenance parce qu’ils ont hésité à se griller une première clope à 14 ans, Lloris est toujours le même. On ne parle pas seulement du grand échalas à tête de fouine et au sourire timide. On pense plutôt à ce gardien bien trop à part pour ne pas finir par se retrouver ailleurs. Les quelques regards jetés dans les tribunes confirment l’idée : visage lisse, regard vide. Lloris est dans la vie comme dans ses buts, plus tout à fait humain et déjà chez les Real Humans. C’est d’ailleurs ce statut d’exception qui a fait dire qu’il ne resterait pas longtemps à sauver les miches de l’OL pour lui éviter de descendre du podium quand il y avait certainement plus de titres à gagner ailleurs. Anormal animal. Et retour à la normale depuis que Lopes a repris les affaires dans les cages lyonnaises. Soit un type à qui il manquera toujours quelques centimètres et une once de génie pour se permettre cette existence de grand faune. L’OL n’est déjà plus sur le podium. Pas pour autant qu’il faut laisser l’Europe lui échapper. Alors quand Eysseric (39e) et Bauthéac (41e et 69e) arrosent ses cages sur coup de pied arrêté ou que Cvitanich envoie une tête bien frappée (78ème), il est encore là pour sauver les dernières apparences. Et c’est bien parce qu’on ne peut pas lui en demander plus qu’il faut s’employer entre défenseurs et milieux pour tenir à l’énergie la qualif’ au cours des dernières minutes. Alors, humain, trop humain ? Disons plutôt que si l’OL a perdu son plus grand gardien avec Lloris, il a trouvé son gardien avec Lopes.

Olympique Lyonnais4. Maxime Gonalons

À l’heure des tous derniers bilans, Rémi Garde se pointe pour boucler son histoire de coach : « J’ai commencé avec une tête de Bako à Kazan et, ce soir, je termine avec une dernière tête de Bako à Nice. C’est le destin. » On veut bien que le Général finisse par tenir le rôle principal d’une saison qui a pu prendre les allures d’une tragédie grecque, Garde sait très bien que jamais le destin ne remplacera Maxime Gonalons. Ou alors, il a trop de pudeur pour ne pas révéler qu’il a fini par lier le sien à celui de son capitaine. Car c’est bien à Nice que tout a commencé pour le coach lyonnais en 2011. De ce qu’on s’en rappelle, ce devait être un soir d’épiphanie où, enfin libéré de son corsetage puélien, le 4-3-3 allait respirer à nouveau. On a eu mieux que ça. On a eu Gonalons. Un but, une passe décisive et la succession de Toulalan réglée pour les trois prochaines saisons. On aurait bien aimé que tout ça dure pour l’éternité, mais Garde est venu rappeler cette saison qu’entre Saône et Rhône, l’éternité dure trois ans. Difficile de croire alors que l’éternité survive au départ maintes fois annoncé et déjà repoussé de son capitaine. Comme toujours, Gonalons a fait comme si de rien n’était. Encore le meilleur moyen de désamorcer la charge émotionnelle qui menace de faire sauter un onze lyonnais au bord de la rupture. Certes, les derniers assauts n’ont plus la même intensité que lors la première d’août 2011. Reste qu’ils ont réussi pendant tout ce temps à renvoyer au loin la menace du grand dévissage. Pour ça et pour tout le reste, on aimerait que l’éternité dure toujours.

Olympique Lyonnais5. Arnold Mvuemba

Parmi les petites habitudes malsaines du supporter, il y a celle qui consiste à se pâmer en douce devant les matchs de Tiago. Samedi après-midi, il y avait au moins une bonne raison de le faire, avec ce titre à ramener du Camp Nou pour les gars de l’Atleti. Pourtant, on n’a pu s’empêcher d’oublier tout le reste et de ne plus voir que les seules courses de replacement du divin Portugais, la voix qui donne et les bras qui s’agitent pour resserrer les mailles de sa défense au mètre près, ces pichenettes de rien du tout qui font un peu plus voler le dispositif catalan, sans oublier ces quelques fautes suffisamment vicelardes pour qu’on leur accorde l’absolution sur le champ. À la fin du match, l’Atletico est champion et on a cru voir des larmes dans les yeux de Tiago. On en aurait pleuré s’il n’y avait cette émotion pour affleurer toujours plus fort depuis qu’on sait comment doit se boucler la saison lyonnaise. Pas dans le même registre non plus, si l’on s’en tient à ce début de partie où les principes de jeu lyonnais finissent par se diluer, laissant aux gars de Puel le soin de donner un peu plus que le change. C’est quand l’air devient suffisamment irrespirable qu’on voudrait que Tiago redescende de l’Olympe des années de domination pour ordonner à nouveau un milieu qui ne tient plus en place. On ne sait si c’est de cette grâce dont il est question, mais revenu d’une première période cotonneuse, Mvuemba entame la seconde à coups de récup’ et de bouts de relance qui remettent l’équipe dans le sens de la marche. Pour ne rien gâter, l’ancien Merlu prend un malin plaisir à y mettre la forme, envoyant à l’adresse des esthètes cette remise sur un pas qui libère l’espace dans le dos de la défense niçoise (70e). L’action aurait pu virer à l’occasion si elle ne rappelait cette séparation qui existe entre le monde visible dans lequel Gomis et Briand doivent se débattre, et un autre invisible auquel Mvuemba semble avoir accès. Le monde a peut-être changé – et l’OL avec – depuis que Tiago n’y est plus. Reste l’idée qu’on continue de se faire du milieu lyonnais et qu’Arnold est parvenu à ramener à la surface. Une leçon pour la suite à laquelle on donnerait bien le titre d’ « allégorie du placard » si Socrate veut bien passer par Lyon.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Philippe Lecœur  – Panoramic)

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