- OL : pourquoi les U17 et U19 souffrent-ils autant ?
- OL : l’équipe type de la Formidable Académie 2023-24
- Alexandre Lacazette décisif à l’aller comme au retour : et les autres comebacks à l’OL ?
- OL : de la descente en 2024 à la remontée en 2030, retour sur les cinq saisons de Ligue 2
- De quoi Karl Toko Ekambi est-il l’incarnation ?
- Le problème de l’OL est de couler trop lentement
- Tuto : comment devenir insider OL, même depuis Charleville-Mézières
- « Truc le plus américain que j’ai vu de ma vie »
Mvuemba, pétard souillé
- Publié le: 5 mai 2014
RANK’N’OL #S02E59. Douze ans jour pour jour après son premier titre de champion, l’OL s’est assuré de terminer pour la première fois depuis vingt et un ans derrière Saint-Étienne. Sur sa seule performance contre l’OM (4-2), c’est presque mérité. Reste le Rank qui peut heureusement s’appuyer sur ses improbables héros, de celui qui brille quand les autres sont las à celui qu’on sublime quand il n’est pas là.
Le compte rendu du match : Mistral Bisevac
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Arnold Mvuemba. À Lyon, il y a un public averti pour s’attacher aux destins un peu tordus. Mais que faire de celui toujours plus contrarié d’Arnold Mvuemba ? Il suffit que l’ancien Merlus balance ses plus belles perles pour que tout autour de lui prenne l’allure de fin du monde. Qu’il envoie un premier récital à Turin et c’est l’OL qui passe par la fenêtre en Europa League. Qu’il fasse péter une frappe pour recoller les morceaux au Vélodrome (39e) et c’est l’idée même d’un futur européen pour les Lyonnais qui menace d’y rester. Comme si à l’heure où il devient difficile de se passer de lui (septième titularisation consécutive), il restait encore des raisons pour garder ses distances avec le plus improbable des retours dans la cour du milieu lyonnais. Si l’on en croit la palette des quelques effets supplémentaires lâchés dimanche soir – de ce délicieux extér’ pour Gomis à ce sauvetage in extremis dans les pattes de Gignac – ramené à l’ampleur du démâtage défensif de la soirée, on espère que la mémoire collective saura réserver à Mvuemba la place de génie incompris qu’il mérite. Celle du souillé d’or.
2. Anthony Lopes. Comme si être un gardien de but jeune, un rien léger, gaucher et sous la tunique de l’Olympique Lyonnais ne suffisait pas, Anthony Lopes a eu au Vélodrome l’occasion de pousser un peu plus loin son mimétisme avec Hugo Lloris. Derrière une défense en voie de tottenhamisation, il a sorti tout ce qu’il a pu pour terminer la rencontre avec quatre buts dans la musette. Avec pour sommet de la frustration ces deux buts de Gignac, précédés à chaque fois d’une à deux parades. C’est ainsi que se construisent les légendes des grands héros dépressifs, dont le destin doré pâtit toujours de la médiocrité de leurs semblables dans un univers hostile. Ils n’en demeurent pas moins des types qui comptent, même pour du beurre. Des hommes de Londres.
3. Jean-Michel Aulas. C’est à ce genre de sortie qu’on sait que l’OL vient de lâcher un Derby qui compte double. Jean-Michel Aulas met alors fin à sa cure de silence et à ses séances de Pilates pour convoquer les micros : « Ce soir, il nous manquait notre pièce maîtresse, Bako Koné. C’est un garçon de devoir qui sait être là quand on en a besoin. Ce soir, j’ai été très agacé par Milan Bisevac. J’espère qu’il viendra s’excuser devant ses collègues. » La frontière entre le coup de troll et le coup de pute n’est pas bien loin dans le trash talk de JMA. En vrai, le président lyonnais ne fait jamais que rejouer un seul et même numéro ces soirs de désillusion : souffler dans le sens des supporters pour reléguer la victoire des Stéph’ à l’ombre de l’OL. Passée cette soirée, on aura vite fait d’oublier tout le reste : l’ASSE devant quand les Lyonnais sont toujours en course pour l’Europe, Bisevac dont le contrat ne tenait plus qu’à un style et Bako en pièce maîtresse. Les haters en ont pour leur argent et les supporters sont heureux comme au premier jour, celui qui les ramène à la belle morgue des années de domination. Ils peuvent continuer à supporter l’insupportable.
4. Maxime Gonalons. Certains matchs racontent ce que les types n’ont plus le droit de dire. À cet égard, Gonalons en avait certainement trop lourd sur le cœur pour se contenter d’une partition comme il sait les envoyer. Ça commence sur l’air de la bascule, ces ballons qui zappent le milieu de terrain toute la première période pour mieux trouver Lacazette à qui on promet déjà les sentiers de la gloire. Gonalons aurait voulu faire comme s’il n’était plus là qu’il ne serait pas pris autrement. Deux buts plus tard, c’est tout l’OL qui perd son sens de l’équilibre et finit par se retrouver sur la corde raide. A ce niveau-là d’anticipation, c’est surtout le temps perdu qu’on finit par mesurer. Et l’histoire des équipes qui pensent pouvoir dominer le milieu sur la foi d’une supériorité technique qui se répète. C’est le Barça qui fait tourner sa possession dans le vide sans Busquets. C’est United qui se demande encore comment jouer depuis que Carrick n’y est plus. Ces places à la limite de l’abandon ne seraient pas pour déplaire à Gonalons. Avant d’en arriver là, il faut s’occuper de celles que la défense n’occupe plus, en privant Gignac d’un triplé pour commencer (57e), puis en redonnant un peu de crédit à l’idée même d’une relance pour Grenier (78e). En voyant Lacazette manquer le cadre dans la foulée, on se dit qu’il est trop tard pour se remettre à y croire. Comme on a compris qu’il serait toujours trop tôt pour apprendre la vie sans Washing Maxime.
5. Clément Grenier. Six mois plus tôt, Grenier agaçait et l’OL exaspérait. Le premier a pas mal participé au redressement du second au cours de l’hiver avant qu’il n’apprenne à faire sa vie sans lui. On en était là, à trois fois rien de l’oubli et à deux semaines de la liste des 23, quand le bonhomme est entré sur la pelouse (67e). Et si le mal était fait, on s’est très vite rappelé que les choses étaient quand même mieux avec Clément Grenier, en témoignent les quelques situations que l’OL s’est créé une fois le n°7 sur le terrain. On a aussi pu constater que le foot était plus gracieux avec lui, même si Mvuemba et Ferri avaient au moins assuré dans l’art de la passe jusque-là. Au final, Grenier est venu grossir le trait d’un match qu’il n’aurait certainement pas changé s’il avait été là dès son entame, où l’OL s’emploie à rappeler qu’il aime porter beau, au risque d’oublier qu’il faut aussi composer certains soirs avec les nuages de laid.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Nolwenn Le Gouic – FEB / Panoramic)