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Mounier : « J’aurais aimé travailler encore avec Claude Puel »
- Publié le: 4 septembre 2013
EXCEPTION. Anthony Mounier est vraiment quelqu’un de franc. L’ailier montpelliérain fait ainsi coup double en confiant au Libéro Lyon qu’il garde un excellent souvenir de sa saison avec Claude Puel à l’OL tout en regrettant de ne pas avoir rejoint Saint-Étienne cet été.
L’Ardéchois n’en demeure pas moins attachant lorsqu’il évoque sa fameuse génération 1987, l’humilité de Juninho et Cris et son choix légitime de quitter Gerland pour obtenir du temps de jeu à Nice, en 2009. Si les deux passes décisives qui l’ont révélé sous le maillot lyonnais, un soir de septembre 2008 face à Nancy, ne sont pas forcément restées dans les mémoires, on n’oubliera pas ce compliment appuyé : « L’OL a fait un super coup en prenant Henri Bedimo, l’un des meilleurs latéraux gauche du championnat. »
« Gérard Houllier comptait énormément sur moi »
Quels sont les meilleurs souvenirs que tu conserves de tes huit saisons au centre de formation de l’OL (1998-2006) ?
Il y en a eu pas mal. On avait une belle génération donc je garde de très bons souvenirs de tournois. Il faut dire que notre génération a tout gagné, hormis la Gambardella malheureusement.
Tu t’es toujours vu évoluer avec les pros de l’OL ?
Quand je suis entré au centre de formation, c’était dans ma tête pour devenir professionnel. Peu de temps après mon arrivée à Lyon, le club a commencé à tout gagner. L’OL était en train de grandir et il y avait de moins en moins de place pour les jeunes du centre. Mais ce sont des choses auxquelles on ne pense pas tout de suite quand on y est. Je ne me projetais jamais très loin. Je ne tenais pas compte du recrutement chez les pros par exemple. Cela a été une bonne expérience et signer mon premier contrat professionnel en rentrant du stage de Tignes à l’été 2006 a été un rêve qui se réalisait, tout comme lorsque j’ai eu la chance de jouer mes premiers matchs.
Justement, ta première apparition dans un match officiel n’arrive que deux ans et demi plus tard, contrairement aux autres 1987 Hatem Ben Arfa, Karim Benzema mais aussi Loïc Rémy et Romain Beynié…
Chaque joueur a sa progression. Karim et Hatem étaient prêts avant et on voit aujourd’hui que ce sont des phénomènes. C’est rare d’avoir des joueurs comme ça, alors dans la même génération en plus… Ne pas jouer aussi tôt qu’eux ne m’a pas affolé, j’étais content pour eux.
La présence de Florent Malouda dans le couloir gauche réduisait toutes tes chances jusqu’à son départ à Chelsea en 2007 ?
C’est sûr qu’à l’époque, il y avait du monde devant moi. Mais je me souviens que Gérard Houllier m’avait fait remarquer qu’en raison de la finale de la Coupe du monde 2006, Florent Malouda allait rentrer beaucoup plus tard à Lyon. J’aurais donc dû débuter en pros à cette période-là. Il m’a fait signer mon contrat pro et il comptait énormément sur moi. Mais je me suis blessé juste avant la reprise et j’ai eu une année galère avec notamment une opération à l’épaule en fin de saison.
« Il n’y avait pas une concurrence saine avec Alain Perrin »
Cette première apparition (onze minutes dans une victoire 3-2 face à Toulouse le 12 janvier 2008) sera avec Alain Perrin (2007-2008), mais il n’y en aura pas d’autres cette saison-là…
Avec lui, cela a été difficile. Des joueurs ont été recrutés (Belhadj, Keita puis Delgado). J’estimais que j’aurais pu davantage jouer cette saison-là mais c’était les choix de l’entraîneur. Il faut les respecter… J’ai demandé à me faire prêter au mois de décembre comme je ne jouais pas trop. Mais le club n’a pas voulu. Puis Claude Puel est arrivé à l’été 2008. Je voulais partir pour enfin jouer et j’ai eu une discussion avec lui. Il m’a dit qu’il comptait sur moi, qu’il ne regardait pas les noms et ferait jouer les meilleurs.
Alain Perrin prenait en compte les noms au moment de composer son équipe ?
Je ne sais pas, c’est possible… Je pense qu’il n’y avait pas une concurrence saine à cette époque-là. Par contre je connaissais tous les bancs de touche de Ligue 1… J’étais jeune encore donc j’apprenais.
Tu te sens champion en 2008?
Non pas du tout. Cette ligne est marquée sur mon CV. J’étais dans toutes les mises au vert, dans le groupe, mais je ne jouais pas. Être malgré tout à la remise du trophée à Auxerre reste un bon souvenir.
Ta carrière décolle vraiment avec Claude Puel ?
Voilà, j’ai joué une vingtaine de matchs (25, ndlr) sous ses ordres. Il m’a donné confiance et il m’a fait énormément progresser. C’est lui qui m’a véritablement lancé en pros donc c’est un coach qui compte pour moi, comme Gérard Houllier.
Tu as su profiter de cette saison (5 buts en 25 matchs) sans grand nom dans le couloir gauche, entre Malouda et Bastos, recruté l’été suivant…
Quand Bastos est arrivé, j’ai d’ailleurs demandé à partir. C’est normal qu’un club comme l’OL recrute de grands joueurs car c’est difficile de bien figurer dans une Ligue des champions uniquement avec des jeunes du centre de formation. Claude Puel aurait aimé que je reste une année de plus mais il a compris ma décision car il ne pouvait pas me promettre de temps de jeu. En tout cas, il m’a fait jouer la saison précédente, ce qui a permis de me faire connaître pour ensuite rebondir à Nice.
C’est pour le moins inhabituel d’entendre un joueur dire du bien du passage de Claude Puel à Lyon…
Je ne l’ai connu qu’un an et ça s’est très bien passé. Je sais qu’il a subi des critiques et une image qui n’est pas forcément juste lui a été collée. Quand on voit le travail qu’il a réalisé dans une équipe sans grandes stars comme Nice la saison passée, il est désormais adoré par tout le monde là-bas, alors qu’il y avait de la réticence au début. Il m’a appris plein de petites choses dont je me sers encore aujourd’hui. C’est un très bon entraîneur de L1.
Pourquoi alors avoir quitté Nice l’été (2012) où il arrivait au club ?
Après trois saisons, j’avais émis mon souhait de partir. Le club avait besoin économiquement de vendre et il n’y avait pas énormément de joueurs sur lesquels retirer de l’argent. Le petit regret que j’ai, c’est qu’on n’ait pas travaillé longtemps ensemble à Lyon et qu’on se soit croisés à Nice. J’aurais aimé travailler encore avec Claude Puel. Mais pas en étant un jeune qui sort du centre de formation, mais un joueur un peu plus confirmé.
« Claude Puel m’a appris plein de petites choses dont je me sers encore aujourd’hui »
Pour en revenir à votre collaboration à l’OL, de quels matchs es-tu particulièrement fier sous le maillot lyonnais ?
La rencontre qui m’a un peu révélé a eu lieu contre Nancy puisque j’ai fait deux passes décisives (2-1 le 27 septembre 2008). À partir de là, ça a commencé à aller bien pour moi. Puis j’ai eu la chance de disputer des matchs de Ligue des champions au Bayern Munich (1-1), contre la Fiorentina (2-2) et j’ai assisté sur le banc au 8e de finale à Barcelone (2-5). Et j’ai aussi eu la chance de côtoyer de grands joueurs.
Lesquels t’ont le plus marqué ?
Grégory Coupet, Juninho, Wiltord ou Cris étaient des joueurs confirmés mais simples. Je pense que certains joueurs devraient s’inspirer d’eux. Car aujourd’hui, il y a des pros qui n’arrivent pas à la cheville de Juninho ou Cris et qui se prennent pour des Ballons d’or. En tout cas, leur humilité m’a marqué, alors qu’ils avaient tout pour eux et qu’ils gagnaient tout avec l’OL.
Quand tu vois dix joueurs de moins de 25 ans participer au barrage de Ligue des champions face à la Real Sociedad (0-2) la semaine passée, tu hallucines ?
On voit qu’aujourd’hui, le club s’appuie sur la formation. À mon époque, cette situation était inenvisageable. Quand un seul jeune était dans le groupe, c’était déjà exceptionnel. Des fois je me dis que s’ils avaient fait ça avec notre génération, on aurait été capables de constituer intégralement une équipe pro car la plupart le sont devenus en L1 ou L2. Malheureusement, à cette période-là, le club avait d’autres priorités et les moyens de recruter de grands joueurs étrangers. La formation passait donc un peu au second plan. À part pour des phénomènes comme Hatem ou Karim, il fallait partir pour jouer. Mais je n’ai pas de regrets. J’ai eu ma chance et j’ai fait le choix de partir. C’est comme ça…
Quand même, Rachid Ghezzal était le seul ailier gauche de formation à l’OL lors de la deuxième partie de saison passée…
Mais je n’allais pas attendre quatre ans pour pouvoir jouer ! Ou alors il aurait fallu que je naisse un petit peu plus tard pour arriver à cette période-là (sourire).
Ton nom revient souvent dans les mercatos de l’OL. Y a-t-il sincèrement eu de vrais contacts ?
Oui, mon agent m’a fait part d’une prise de contact cet été. Le club cherchait quelqu’un à gauche, j’étais dans une short list et finalement l’OL a pris Gaël Danic. Je ne sais plus trop, il y a peut-être eu l’été précédent aussi. Mais je n’ai jamais eu les dirigeants au téléphone, c’était juste des bruits comme ça… S’ils sont vraiment intéressés lors d’un prochain mercato, je ne ferme pas la porte à un retour à Lyon. Je ne me dis pas : « Ils n’ont pas compté sur moi quand j’étais plus jeune, c’est fini. » Peut-être qu’un jour j’y retournerai, peut-être que je n’y retournerai jamais, on ne peut pas savoir.
« Aujourd’hui, des pros qui n’arrivent pas à la cheville de Juninho ou Cris se prennent pour des Ballons d’or »
« Je m’étais vu à Saint-Étienne »
Par contre, les contacts étaient nettement plus avancés avec l’ASSE ?
Dans ma tête c’était fait, je m’étais vu là-bas. Puis ils ont changé d’avis (le Toulousain Franck Tabanou a finalement signé à Saint-Étienne). Ce n’était pas prévu que je parte de Montpellier au bout d’un an. Mais il y a eu cette opportunité et le club n’a pas fermé la porte. Ça ne s’est pas fait avec Saint-Étienne, c’est comme ça. C’est digéré aujourd’hui et je suis prêt à faire une bonne saison à Montpellier.
Cela n’aurait pas été étrange pour toi, après avoir passé onze ans à l’OL, de rejoindre le rival stéphanois ?
Non, ça ne m’aurait pas ennuyé. C’est quand même un club qui a un passé, un bon stade et un projet sportif. Je n’aurais pas été le premier, ni le dernier, à faire le va-et-vient.
Finalement, la tournure des événements t’a rendu plus anti-stéphanois que jamais ?
Non, sur le coup peut-être un peu mais c’est fini (sourire).
Es-tu resté proche de Loïc Rémy ? Penses-tu qu’il peut retrouver son niveau d’international ?
Je l’ai eu de temps au téléphone lorsqu’il était à Marseille puis à son arrivée en Angleterre. Là, ça fait un petit moment qu’on ne s’est pas donné de nouvelles mais on aura toujours plaisir à se voir. On s’entendait bien à Nice, on se racontait des anecdotes de notre période lyonnaise. Il a les qualités pour rebondir.
« Le relâchement de Montpellier est typique des clubs qui ne sont pas habitués à gagner des titres »
À Nice, tu as réalisé onze passes (en 2010-2011) puis marqué onze buts (en 2011-2012). Te sens-tu plus l’âme d’un buteur ou d’un passeur ?
Je suis capable de faire les deux. Pour en revenir à Claude Puel, il avait dit dans la presse quand j’étais à Nice que j’étais capable de mettre dix buts et de faire dix passes décisives dans une saison.
N’as-tu pas eu la sensation d’être parti de l’OGC Nice la mauvaise saison quand tu as vu le club finir 4e en L1 ?
Non, je n’ai pas du tout eu de regrets. J’étais content de voir mes amis faire une belle saison là-bas mais je n’étais pas surpris, car le coach a certaines valeurs qu’il a su transmettre à Nice.
De ton côté, j’ai l’impression que ça n’a jamais été le grand amour avec René Girard à Montpellier (seulement treize titularisations en L1)…
J’étais un peu blessé en début de saison mais je ne vais pas me cacher derrière ça. Le coach avait son équipe de base et je n’étais pas dans ses premiers choix. On ne me l’avait pas dit quand j’avais signé. Si j’avais su ça, c’est sûr que je ne serais pas venu à Montpellier… J’ai eu mes torts aussi puisque je n’ai pas toujours été très bon. Mais parfois je n’ai pas compris pourquoi je ne jouais plus après avoir fait de bons matchs. Aujourd’hui, il y a un nouveau coach (Jean Fernandez) et ça se passe plutôt bien (trois titularisations lors des quatre premiers matchs). À moi de jouer.
Montpellier, c’est aussi et surtout Loulou Nicollin. Que penses-tu du personnage ?
Le président, on le connait, c’est quelqu’un qui est dans l’excès, pour le positif comme pour le négatif. C’est lui le boss, il nous paie et il est en droit de nous dire ce dont il a envie. Il est très proche de ses joueurs. C’est bien d’avoir des gens honnêtes comme lui.
Tu es arrivé chez le champion en titre. Comment expliques-tu cette saison passée conclue à la 9e place en L1 ?
La saison a été difficile parce que l’équipe n’a pas beaucoup bougé. Quand une équipe n’est pas habituée à gagner, elle peut avoir des difficultés à se remettre en question. J’ai connu l’inverse à Lyon car l’OL gagnait tous les ans mais gardait sa soif de victoires et n’était jamais rassasié. Mais le relâchement de Montpellier est typique des clubs qui ne sont pas habitués à gagner des titres selon moi. Il y a toujours une petite période difficile mais la page est tournée.
« Je sais que j’ai les qualités pour jouer plus haut »
Cet été, l’OL a recruté Henri Bedimo. Crois-tu en sa réussite à Lyon ?
Je pense que c’est l’un des meilleurs latéraux gauche du championnat quand il est bien concerné. Il va faire énormément de bien à Lyon car il est solide défensivement et est capable d’apporter des choses en attaque. Et en plus c’est un bon gars. Je m’entendais bien avec lui, c’est un chambreur aussi. L’OL a fait un super coup en le prenant. La saison passée, il était à l’image de toute l’équipe, il a eu du mal à confirmer. Mais il est bien revenu en fin de saison.
Quel regard portes-tu sur l’évolution de ta carrière ?
Ma progression se passe bien. J’étais à Lyon puis j’ai fait de très bonnes choses à Nice. Je suis parti à Montpellier pour franchir un palier et j’ai eu la chance d’y rejouer la Ligue des champions. Pour l’instant, je suis content et je sais que j’ai les qualités pour jouer plus haut. C’est à moi de le démontrer. J’espère retrouver à l’avenir un club qui joue régulièrement les coupes d’Europe.
Tu n’as pas encore été tenté de découvrir un championnat étranger ?
Si, mais je vais seulement avoir 26 ans. Pourquoi pas encore une ou deux saisons en France avant de partir à l’étranger… Mais partir à l’étranger pour aller dans un club qui va me faire tomber aux oubliettes, ça ne m’intéresse pas. J’aurais pu aller jouer en Russie, mais aussi en Angleterre, en Espagne ou en Allemagne, mais jamais dans des clubs majeurs. Le championnat allemand me plaît bien au vu de l’ambiance dans les stades.
L’équipe de France fait-elle également partie de tes objectifs ?
J’ai eu des pré-sélections lorsque je suis arrivé à Montpellier. Mais je n’ai pas énormément joué ensuite donc je ne pouvais pas prétendre à grand-chose. Ma priorité est de rejouer en club et si on fait appel à moi un jour, ce sera avec plaisir.
Entretien réalisé par Jérémy Laugier