L’OL en exit-bition

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E28. À Nantes, l’Olympique Lyonnais a livré une véritable rencontre de All-Star Game, le show en attaque et les trous d’air derrière qui vont avec (3-2). Le déséquilibre a fait un héros dans le camp d’en face, même si son triplé donne plus à Vincent Bessat des allures de nobody qui marque le panier à un million de dollars que de cador de la conférence Ouest. Car sur le terrain, c’est encore les deux kids de l’Est lyonnais qui ont assuré le spectacle.

 

Le match : La Coupe est décalée

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1 & 2. Nabil Fekir & Alexandre Lacazette

Gamins, on ne les attendait pas trop. Olympique LyonnaisLe premier a dû forcer un peu le destin pour signer son premier contrat de stagiaire, alors que le second est carrément retourné faire ses classes dans les clubs amateurs avant de s’imposer à nouveau comme une évidence. Aujourd’hui, ils forment l’un des duos d’attaque les plus bandants d’Europe, avec Cristiano Ronaldo et Karim Benzema, histoire de rappeler qu’un jour on parcourra le boulevard Laurent-Bonnevay comme une route du patrimoine du football européen. À Nantes, Fekazette a encore, par ses déplacements parfaits sur le premier but (0-1, 5e) puis par cette faculté à se comprendre comme un seul homme (2-2, 59e), joué à la perfection ce numéro qui mêle plaisir et efficacité. Aujourd’hui Alexandre Lacazette et Nabil Fekir sont grands, peut-être même un peu trop par rapport à leurs coéquipiers certains soirs. Et s’ils ont déjà assuré l’avenir économique de leur club, on peut encore se régaler tous les week-ends –  puisqu’il n’y aura plus que des week-ends. On les séparera probablement un jour pour activer la pompe à fric. Raison de plus pour tirer d’ici là sans modération sur la pompe à kif.

Olympique Lyonnais3. Maxime Gonalons

Comme bien souvent depuis qu’il s’est mis à squatter la tête du championnat, l’OL s’est mis à marquer en allant presser à la gorge les relances adverses. Jusqu’à ce que les défenseurs finissent par s’oublier, Jallet sur les trois buts, Umtiti pour une relance coupable au milieu sur le second. L’euphorie du moment peut bien permettre de faire basculer la réussite de son côté face à Lens, elle ne vaut plus grand chose lorsque les Lyonnais mettent en l’air le principe d’équilibre. La frontière entre ces deux réalités est à chercher comme bien souvent du côté de Gonalons. Sûr de sa force quand il règle la question du milieu sur le premier quart d’heure à coups de récupérations sans fioriture ; à la ramasse quand il faut courir après Bessat qui s’ouvre le but sur un crochet (21e). Cela fait quelques saisons qu’on se dit que Washing Maxime est un grand défenseur qui s’ignore. Comme cette autre grande carcasse classieuse de Bodmer avant lui. Ou, plus récemment, sa Toule de contrôle, passé modèle dans le domaine depuis qu’il tient la défense monégasque. Vue d’un peu plus près, la formule « Gonalons = défenseur » se révèle plus complexe. Parce qu’un troisième défenseur n’est pas un défenseur dans l’absolu. C’est celui qui détermine la seule défense qui tienne la route entre Saône et Rhône, celle qui anticipe, intercepte autant qu’elle relance, toujours vers l’avant et dans l’idée de cacher le ballon à l’adversaire. Tant que son capitaine a pu prospérer dans ce domaine – au milieu comme en défense –, l’OL a tenu le match. Sitôt que Gonalons s’est mis à reculer dans des espaces devenus trop grands, il est redevenu défenseur lyonnais comme un autre. Un type qui se prend suffisamment les pieds dans le tapis pour qu’on lui attribue une part non négligeable de la défaite du jour. Il en va ainsi de l’OL comme de son capitaine : défendre n’est pas son métier. Ça n’en reste pas moins une obligation dont il faut savoir se détourner.

Olympique Lyonnais4. Steed Malbranque

On aurait des raisons de penser qu’il est pour quelque chose dans les retours en vrac de Jallet qui ont fini par couler la domination lyonnaise. Ceux qui voudraient y voir son chant du cygne n’auraient pas vraiment tort. Mais au Rank, toutes les raisons du monde – y compris les meilleures – peuvent encore céder au vague à l’âme un rien romantique. En commençant par invoquer cette idée qu’un onze taillé pour le championnat vire rarement à l’équipe de coupe. Les années de domination se sont en partie jouées sur cette équivoque, lorsque, les titulaires ne laissaient plus que quelques bouts d’apparition à tous les autres renvoyés aux rôles de doublures. Soit très précisément là où navigue Malbranque depuis que l’attelage Ferrisso a réglé la question des côtés du losange. À la moindre interversion, c’est comme si la mécanique se déréglait. La plus flagrante a donc fini par ronger le côté droit de Jallet dont les départs au large n’ont jamais vraiment été compensés. Qu’on se rappelle les premières de Ferri au poste en début de saison pour y voir une question d’habitude plus que de physique qui couine et qui grince. Et à moins de vouloir croire à cette farce sans âge du maillot qu’il faudrait mouiller, le volume ne se décrète toujours pas, il se cultive match après match. Malbranque doit alors s’en remettre à tout le reste, ces quelques inspirations qui collent à la marque lyonnaise. Deux courses vers l’avant qui font bien plus que couper les relances nantaises. Deux récup’ en forme de lancements pour Fekir et Lacazette, passeurs-buteurs – et inversement. Le terrain est peut-être en train de perdre Steed pour cette fin de saison sans coupe. On sait qu’il y aura toujours le foot pour le rattraper.

Olympique Lyonnais5. Mouhamadou Dabo

Tolisso ne méritait sans doute pas de jouer les utilités au poste de latéral. C’est Dabo qui s’est chargé de le rappeler. D’abord en replaçant Coco là où il s’est révélé moins précieux qu’indispensable pour le milieu lyonnais. Ensuite en profitant d’une seconde prestation duraille de Jallet pour rappeler à tout l’OL qu’un latéral n’est pas seulement un milieu qu’on ignore. C’est aussi un défenseur à plein temps. Tant que l’OL est parvenu à maintenir son jeu défensif préféré du moment – entre possession de balle et pressing haut et court –, Jallet a pu s’y tenir. Jusqu’à ce que Veretout et compagnie n’envoient les passes en profondeur qui ramènent l’OL à son problème de défense. Dabo n’est pas rentré pour tout régler. La preuve, il n’était là que pour remplacer Rose. Pourtant, entre interventions défensives qui tiennent Audel ou Shechter, c’est lui qui est le mieux parvenu à libérer Lacazette. C’est si peu croyable que même ce dernier n’y a pas cru, tentant une vague talonnade sur le premier centre (79e), avant de se laisser aller à un allumage à retardement sur le second lancement dans le dos de la défense nantaise (80e). Qu’on le veuille ou non, c’est un peu le génie trop souvent ignoré du grand Mou qui se rappelle à notre souvenir dans ces moments-là. Lorsque, sous ses airs de gamin perdu, il parvient à remettre tout le monde à sa place.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Frédéric Chambert – Panoramic)

Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>