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Le jour où j’ai rencontré le chef des arbitres
- Publié le: 22 avril 2014
FLECKY TIME. Parachuté dans le staff de l’Olympique Lyonnais, Eddy Fleck voit tout, entend tout et répète tout. Une sorte de concierge 2.0 qui a trouvé son terrain d’expression dans une rédaction sans scrupule. Car c’est bien connu, la vérité sort de la bouche des mythos.
Et s’il y avait un réel complot anti-Olympique Lyonnais ? Je m’étais imaginé plusieurs scénarios depuis quelques semaines et les nombreuses décisions en notre défaveur commençaient à me mettre la puce à l’oreille. Entre le match de l’AS Monaco, le labrador de Saint-Étienne ou encore le penalty en finale de la Coupe de la Ligue, je commençais à me poser des questions de drogué. Et si Lady Gaga avait quelque chose à voir là-dedans ? Et si les planètes étaient alignées d’une telle façon pour que les arbitres soient influencés et nous niquent inconsciemment ? Et si les illuminatis avaient encore mal au cul des sept années de titres et décident de se venger aujourd’hui ? Et si je posais ce bout de shit ?
J’ai donc écrit un courrier à Pascal Garibian, le chef des arbitres français, pour lui demander une rencontre en compagnie de son équipe et de quelques représentants. Le président de la commission de discipline me répond quelques jours plus tard et me donne rendez-vous dans un petit immeuble du centre de Paris pour discuter de toutes ces questions. J’étais loin d’imaginer que cette rencontre allait être l’une des épreuves les plus perturbantes de mon existence.
Arrivé au lieu convenu, personne n’est là pour m’accueillir. Pas un chat. L’endroit était aussi vide que le cerveau de Geoffrey Jourdren. Le temps commença subitement à se dégrader et les murs de l’immeuble s’écartèrent. Après quelques secondes d’hésitation, je vérifie que personne n’est autour de moi et je décide d’emprunter ce passage. J’arrive alors au milieu d’une cour avec une énorme statue en forme de faucheuse, un sifflet à la main. Un petit papier est posé dessus. Je me penche. Je le lis : « Fils de pute, tu t’es cru dans Harry Potter ? »
« On invite des femmes pour qu’elles leur expliquent la règle du hors-jeu »
« Ah te voilà Eddy ! » C’était Pascal Garibian. L’homme m’invite à monter au premier étage de l’immeuble, exclusivement dédié à l’arbitrage français, en collaboration avec la DNA. Nous passons devant une salle où les arbitres apprennent à se tromper sur le hors-jeu.
« Tu vois ici Eddy, les gars ont tout le matériel pour se louper. On invite des femmes pour qu’elles leur expliquent la règle du hors-jeu, et tu les connais les grognasses… Du coup, c’est assez concluant.
- Mais pourquoi vous faites ça ?
- Mais pour vous emmerder Eddy ! Toi, ton club, les consultants qui nous chient dessus à longueur de journées. Regarde ici, c’est un atelier spécial. Je l’appelle le Tony Chapron. On apprend aux mecs à insulter les joueurs discrètement et les faire sortir de leur match. Très concluant. Qui sait où joue Kamel Chafni aujourd’hui. Pardon : qui sait qui est Kamel Chafni aujourd’hui ? »
J’étais fasciné par les moyens mis en place par la Ligue de Football Professionnel. Un véritable laboratoire à erreurs. J’étais fier de cette french touch. Pascal me propose d’assister à une réunion de brainstorming où chaque arbitre fait part de ses expériences et propose sa façon de niquer un match qui se passe bien.
« C’est gentil Pascal, mais je suis pas vraiment venu pour ça. Tu sais, c’est par rapport aux décisions en notre défaveur en ce moment. Ça commence à faire beaucoup pour les gars et…
(Il me coupe) - Ecoute-moi mon loulou. Ton président nous a chié dessus pendant des années, alors permets-nous de vous utiliser comme club cobaye. Tu imagines le nombre de personnes qui aimeraient être à votre place ? Là on expérimente le but imaginaire comme celui de Kiessling. Notre modèle, c’est l’Allemagne. Couper les filets en toute discrétion et provoquer un faux but. Très difficile à mettre en place. Mais ce serait génial. »
Je décide finalement de rentrer et la secrétaire me laisse un papier, me remerciant de ma venue. C’était la facture : deux matches de suspension pour Clément Grenier et l’histoire du labrador. Une sanction décidée à « plouf-plouf », me confie-t-elle.
En fait, c’était clair. Il n’y avait pas de complot franc-maçonnique ou d’intervention de Lady Gaga, juste des arbitres assez nuls. Et nous, comme des cons, on rentrait dans leur jeu.
Eddy Fleck
(Photo Nolwenn Le Gouic / FEP / Panoramic)