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Fekir, hors des clous
- Publié le: 28 avril 2014
RANK’N’OL #S02E58. Pour faire sentir son souffle dans le cou de Sainté, l’OL a pu compter en grande partie sur l’un de ses enfants qui aurait pu rester sur le bord de la route, la faute à un peu trop de caractère. Aujourd’hui, c’est cette même force de caractère qui lui permet de continuer à croire en un impossible retour. Parce que c’est bien de savoir profiter de sa chance, mais c’est encore plus beau de savoir saisir sa deuxième chance.
Le compte rendu : La guerre des goal averages
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Nabil Fekir
Dans les archives, on pourra toujours compter sur ces stats qui ne trompent pas : un but et deux passes décisives. Reste qu’au moment de mesurer l’empreinte d’un joueur sur un match, on préfèrera toujours s’en remettre à l’ovation qui peut descendre de Gerland. Pour y avoir droit, un joueur ne doit pas seulement avoir réussi une prestation de haut vol. Il lui faut également envoyer ces quelques signaux qui font qu’une reconnaissance entre lui et son public est en train d’opérer. C’est le jeu cérébral de Tiago qui déclenche un long cri d’admiration au soir de sa première titularisation. C’est Malbranque qui gagne les tribunes à l’émotion après vingt minutes de retrouvailles. Fekir a dû attendre un peu plus qu’un match pour en arriver là. Il a d’abord fallu se faire sortir de la formation et repasser par les terrains de l’Est lyonnais (AS Saint-Priest). De quoi cabosser une carrière comme toutes celles qui n’ont pas eu le temps d’éclore au plus haut niveau. Le milieu y gagne un bon pour un retour, mais par la fenêtre. Laquelle est restée condamnée tant que le losange a pu tourner rond. C’était pour mieux impressionner son monde lorsque les joyaux qui brillent ont fini par s’éteindre. Entre prises de balle qui bousculent toute une défense (31e), coup franc qui met Landreau un peu plus au supplice (44e), passe qui ouvre en grand le but pour Lacazette (63e) ou reprise opportuniste pour marquer son premier but en Ligue 1 (22e), Fekir a fait bien plus que ramener de l’Est quelque chose de nouveau. Il a su rappeler que la seule lumière qui réchauffe les chœurs de Gerland est celle qui brille autant qu’elle éclaire.
2. Alexandre Lacazette
Ses partisans sont formels : chaque nouveau but est une pierre de plus à mettre dans le jardin de Didier Deschamps. Ce qui voudrait dire que tous les buts se valent aux yeux du sélectionneur. Après tout, on a bien envoyé Ribéry ou Valbuena disputer une Coupe du Monde pour moins que ça. Reste qu’on n’est pas encore sélectionneur, quand bien même le pays en compterait 60 millions. Ce qui signifie que ce but a plus de valeur qu’il n’en a l’air. Dans sa réalisation qui voit l’attaquant lyonnais enrouler sa frappe pour battre Landreau au premier poteau (63e). On peut se tromper, mais c’est précisément à cette facilité qui confine à l’évidence qu’on reconnaît ce rêve de grand attaquant. Certains pourront toujours rappeler que Lacazette n’est jamais qu’un buteur de plus en pleine bourre, il y a des gestes qui ne trompent. Pas les siens, mais ceux de ses coéquipiers qui, comme Fekir, savent où il faut arrêter une action pour qu’elle devienne décisive : au moment où Alex doit marquer.
3. Maxime Gonalons
Même quand il a l’occasion de se planquer derrière le reste du milieu, Gonalons reste toujours autant indispensable. Au point de se demander aujourd’hui qui va bien pouvoir lui succéder. De la même manière qu’on s’est dit que personne n’aurait le cran suffisant pour reprendre la place de Toulalan. Lequel était parvenu à faire oublier en « un quart d’heure » (Gérard Houllier) cette séparation d’avec Djila Diarra dont on pensait ne jamais se remettre. Pour révélatrice qu’elle soit des peurs et autres tourments qui peuvent animer les supporters au moment de voir partir certains joueurs, cette généalogie n’en rappelle pas moins une autre réalité qu’on a fini par occulter. Si l’histoire européenne de l’OL a souvent buté sur certains détails – un manque d’expérience, un grand attaquant pas encore prêt, pas assez de chance –, elle doit sa durée à la présence ininterrompue depuis quinze ans de joueurs de classe internationale au poste de récupérateur. On pourra toujours se dire avec Aulas que c’est précisément l’Institution qui a su révéler ces joueurs au monde. On préfèrera encore rappeler ce que l’OL doit à ces paires d’ombres.
4. Henri Bedimo
Après avoir tenu le haut du Rank, Bedimo a dû laisser sa place à d’autres. Pour y revenir, il a d’abord fallu que certains s’éteignent. À commencer par ceux d’en face qu’on a senti à la limite de l’abandon. Rien de honteux pour Bedimo si l’on se rappelle ces quelques joueurs qui ont construit leur carrière lyonnaise en brillant face à moins forts qu’eux – on voit que, vous aussi, vous pensez à Källström. Sauf que sur l’ensemble d’une saison, le latéral a trop souvent réglé la question des couloirs pour s’arrêter à ça. Et si le Camerounais sert aujourd’hui de révélateur, c’est au moins autant pour la faiblesse supposée de ses adversaires que pour la qualité du losange qui s’anime tout près de lui. Pour cette fois, le niveau de Fekir y est pour beaucoup. Le jeu long de Ferri ou les remises éclairs de Mvuemba ont aussi servi à allumer la mèche. On y est. Les places fortes du Rank se situant toujours au milieu, Bedimo en est peut-être un qui s’ignore – de la même manière que Bastos ou Malouda étaient des latéraux qui ne voulaient pas dire leur nom. Riton a trop fait la démonstration de sa qualité pour ne pas le situer à ce niveau.
5. Bakary Koné
Il y a longtemps qu’on ne juge plus Koné sur ses qualités de défenseur. D’abord, parce qu’Umtiti s’en charge mieux que lui. Ensuite, parce que le Général n’est jamais aussi rassurant que lorsqu’il s’arrête de défendre. Ce qui tombe bien en ce dimanche après-midi presque aussi cool que ceux qu’on étend à l’infini sur la terrasse de la Marquise à siroter quelques mojitos sous le soleil. La raison a autant tenu au cœur que les Bastiais ont pu mettre dans leurs attaques qu’à ce ballon que les Lyonnais sont parvenus à faire tourner. Bako peut alors se mettre à prendre part à la défense comme il l’a toujours entendu, sans en avoir l’air. Et lorsque la menace de devoir s’y mettre surgit au détour d’un but bastiais dont l’OL se serait bien passé (47e), il renvoie d’une tête les Corses dans leur camp, celui de la défaite (49e). Koné rappelle alors ce que Thiago Silva a sans doute oublié le temps de sa sortie à Sochaux : ce n’est pas en défendant son titre qu’on s’impose comme le « meilleur du monde ». C’est lorsqu’on n’a plus rien à défendre.
Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Jean-Marc)