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21 novembre 2006, Real Madrid – OL (2-2) : John Carew, le plomb en or
- Publié le: 21 novembre 2016
ÉPHÉMÉRIDE. Un candidat au Ballon de plomb ridiculise un champion du monde et Ballon d’or : ce mardi de 2006, John Carew marche sur Fabio Cannavaro. L’OL reste invaincu face au Real Madrid et s’assure la première place du groupe.
Nous sommes le 21 novembre 2006. L’OL sort de trois quarts de finale de Ligue des Champions consécutifs et a indiscutablement sa place parmi les meilleures équipes d’Europe. Mais un déplacement à Santiago Bernabéu a toujours une saveur particulière.
À Madrid, les Lyonnais veulent assurer leur place de leader du groupe E. L’OL a gagné tous ses matchs de poule avant celui-ci, dont une victoire 2-0 contre le Real Madrid encore plus brillante dans le jeu que celle 3-0 lors de la même confrontation la saison d’avant. Les deux équipes sont déjà qualifiées avant ce match et il suffit d’un match nul pour permettre à l’OL de finir premier du groupe avant même le match face au Steaua.
Gérard Houllier doit pourtant composer avec de nombreuses absences, notamment dans le secteur offensif : Sylvain Wiltord, victime d’une gastro-entérite, a rejoint Fred, Karim Benzema et Sidney Govou dans la liste des joueurs forfaits pour ce déplacement à Madrid. François Clerc est donc titularisé à droite de l’attaque. En pointe, c’est le désormais troisième choix John Carew qui sera titulaire et disputera son premier match de Ligue des Champions de la saison. L’année précédente, le Norvégien avait inscrit une talonnade superbe contre le même adversaire et espère recommencer : « Je suis impatient de retrouver la Ligue des Champions et l’idéal serait que je réussisse à marquer un but à Casillas, même s’il s’agit d’un garçon que j’aime bien. » Le vœu de Carew sera exaucé dès la 11e minute.
Un but qui n’est que la cerise sur le gâteau d’une prestation énorme du Norvégien. Le lendemain dans l’Équipe, Vincent Duluc écrit : « Il a fait les différences individuelles qu’on attendrait d’un junior dans un match de minimes. » John Carew semble plus puissant, plus rapide, plus technique que ses adversaires.
Une situation étonnante au vu des trajectoires des uns et des autres. Depuis son arrivée à l’OL en 2005, Carew a reculé derrière Fred et le jeune Karim Benzema dans la hiérarchie. Le club a tenté de se débarrasser de lui pendant l’été. La veille du match, sa présence dans la liste des 15 candidats au Ballon de Plomb a été dévoilée. Tout le contraire de son adversaire direct Fabio Cannavaro. L’Italien a remporté la Coupe du Monde quelques mois auparavant. Et il s’apprête à recevoir le Ballon d’or une semaine plus tard, c’est alors un secret de polichinelle. L’alchimiste Carew transformera pourtant l’or en plomb le temps d’une soirée.
Le lendemain, Sébastien Tarrago explique le 8,5/10 attribué à Carew : « Depuis combien de temps le Norvégien n’avait-il pas été aussi brillant ? Avait-il seulement été déjà aussi fort avec Lyon ? […] Cannavaro s’en souviendra. L’Italien a passé son temps à courir après un Carew qui avait tout pour lui : la puissance, la vitesse, le jeu de tête et le talent technique. Il a marqué un but superbe et aurait même dû être crédité d’une passe décisive si Tiago n’avait pas gâché l’offrande. Même si l’arbitrage lui a été plus favorable qu’en L1 dans l’utilisation de son physique dos au but, il a été immense. »
L’OL obtiendra au final ce qu’il était venu chercher, un match nul et la première place du groupe. Au bout de 30 minutes de jeu, Florent Malouda double la mise en reprenant un coup franc de Juninho. Avant que Mahamadou Diarra (passé à l’ennemi quelques mois plus tôt) ne marque sur corner à la 39e minute et que l’OL ne perde le fil du match. Après la pause, les coéquipiers de Cris n’arrivent plus à mettre le pied sur le ballon et concèdent un but de Ruud Van Nistelrooy (83e). Grégory Coupet doit même s’employer pour repousser un penalty du Néerlandais en toute fin de match et préserver la première place de l’OL.
On retiendra à l’époque surtout les trente premières minutes et le résultat favorable à l’OL. La suite de la saison allait pourtant prouver que ce match portait en germe la fin de l’ère Houllier et cette invraisemblable implosion en seconde partie de saison, sans conséquences en Ligue 1 mais fatal contre la Roma en huitièmes de finale de la Ligue des Champions.
Un cauchemar que ne vivra pas John Carew : l’OL arrivera finalement à se délester de son boulet scandinave à la trêve hivernale, en l’envoyant à Aston Villa en échange de Milan Baroš. En Angleterre, Carew ne retrouvera jamais le niveau montré lors de cette nuit de novembre 2006 à Madrid. Son grand soir.
Hugo Hélin